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qu’il expose, le Portrait de Mme C. D.., en pied, nous semble, pour la belle tenue, la dignité d’expression, la fermeté d’exécution, le plus complètement réussi ; ceux de MM. Arsène Houssaye, Edmond Guillaume, Widor, continuent cette galerie, si vivante, des hommes du jour commencée il y a quelques années et qui compte déjà plusieurs chefs-d’œuvre. C’est plaisir aussi de retrouver la verve élégante et la touche fraîche de M. Gervex dans son Portrait de Mme B..,, d’une si jolie tonalité, de constater la franchise, un peu pesante dans ses grands portraits, mais si juste et si émue dans ses petits, de M. Marcelin-Desboutin, la vigueur chaleureuse de M. Gustave Colin dans ses études de jeunes dames et d’Espagnoles, les inquiétudes mêmes de la recherche et de l’exécution qui signalent les œuvres de M. Blanche. Ce jeune peintre, cette année, semble fort préoccupé de la technique anglaise, et plusieurs de ses portraits semblent arriver d’outre-Manche ; c’est dire qu’il vise aux accords éclatans de nuances riches ou délicates ; à ce titre, il mérite l’intérêt, car, tant qu’on aimera la peinture, on y cherchera plus volontiers la gaîté, la joie, la clarté, que la tristesse, la confusion et l’obscurité. Comme portraitistes, on a remarqué encore MM. Prouvé, Gandara, Moreau-Nélaton, Montzaigle, Parrot, Sain, Perret, Picard. Ceux-là aiment aussi la peinture vive et franche. Le même mérite est à signaler chez plusieurs paysagistes, qui, malheureusement, s’en tiennent presque toujours à des esquisses, MM. Lebourg, Lepère, Damoye, Meixmoron, Barrau, Coltet, ces derniers plus complets. MM. Billotte et Smith, dans la note grise, tiennent le premier rang.


III

Les sculpteurs, en masse, restent fidèles au jardin des Champs-Elysées. Ils y ont envoyé 1,065 œuvres ou collections d’œuvres (médailles et plaquettes) parmi lesquelles un grand nombre de groupes en marbre et en bronze et de monumens importans, tandis que 137 ouvrages seulement figurent au Champ de Mars, la plupart de petites dimensions et rentrant dans la catégorie du mobilier décoratif. Les sculpteurs se trouvent donc suffisamment libres dans leur vieille maison pour y exprimer tout ce qu’ils peuvent avoir à dire, et nous y trouvons, en effet, des spécimens les plus variés de leur talent, depuis les banalités les plus lourdes de l’imitation classique jusqu’aux excentricités les plus ingénieuses de la pratique italienne.

Les statues des héros, célèbres ou inconnus, destinées à la décoration des voies publiques, occupent ici, comme d’habitude, les places les plus en vue. Ce n’est pas que, sauf exceptions, nos artistes montrent, en ces occasions, une verve extraordinaire ni