des redites mythologiques, il n’est point facile de trouver, dans l’expression des passions et des sentimens contemporains, de bons motifs à ces développemens plastiques qui constituent le fond même et l’attrait de son art. Cependant, nous voyons que, depuis quelques années, quelques-uns y réussissent par la simple généralisation d’une émotion banale, mais qui, pouvant être de tous les temps, se prête mieux, par cette banalité même, à une interprétation personnelle et particulière. Ne sont-ce pas les attitudes les plus communes, les sentimens les plus simples qui, de tout temps, ont fourni aux artistes leurs inspirations les plus originales, parce que ce sont les attitudes les plus naturelles et les sentimens les plus humains ? M. de Kervéguen, dans son agréable bronze de la Pensée à l’absent, a trouvé une de ces attitudes qui conviennent à la sculpture parce qu’elles sont à la fois claires et expressives. C’est une jeune fille, à genoux, qui, la main sur la bouche, envoie un baiser à quelqu’un qu’on ne voit pas. Le geste est de ceux qu’on comprend tout de suite, que les belles filles de la Grèce comme les belles filles de France, celles des pays ensoleillés où la beauté s’étale sans voiles, comme celles des pays brumeux où elle se cache sous d’épais vêtemens, ont de tout temps pratiqué ; M. de Kervéguen avait le droit de placer sa figure dans les pays du soleil. Une autre figure, du même genre, agenouillée aussi, mais se livrant à une occupation moins sentimentale, puisqu’elle relève simplement ses bras pour nouer ses cheveux, la Première toilette, de M. Larroux, est d’une intelligence plus facile encore. M. Larroux a légèrement modernisé son sujet en posant sa figure, qui est nue comme Ève et qu’on pourrait prendre pour une Ève, sur un riche coussin d’étoffe brodée ; il l’a ainsi rapetissé et vulgarisé. Ce détail inutile a pour effet de nous montrer que la dame est une dame déshabillée et non une femme naturellement nue, et nous sommes surpris de la voir se coiffer dans une attitude fort extraordinaire pour une personne qui possède un cabinet de toilette. Ce sont là des vétilles, mais par où l’on juge des préoccupations plus ou moins élevées d’un artiste. La figure de M. Larroux est d’ailleurs fort bien exécutée, avec plus de souplesse et de grâce qu’il n’en avait mises dans ses œuvres antérieures, dont le mouvement était toujours hardi, mais le style encore pesant. Le Réveil, de M. Saulo, est représenté par une grande femme, étendue à terre, qui s’étire de tout son long ; c’est compris plus simplement et mieux généralisé ; le style de M. Saulo n’a pas encore dépouillé toute sécheresse, mais c’est un style ferme, d’une précision remarquable, avec des recherches délicates. Ce réveil est d’ailleurs celui d’une beauté anonyme. Le réveil de M. Peène a de plus hautes prétentions, puisque c’est, dit le livret, la Madeleine au réveil. Est-ce la
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