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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/317

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On le croira à peine : le Mexique, dont les habitans sont presque exclusivement vêtus de cotonnades et où les Indiens tissent de temps immémorial leurs rebozos et leurs zarapes aux couleurs voyantes avec les soies floconneuses du petit arbuste, demande encore aux États-Unis, et particulièrement au Texas, une grande quantité de coton brut, surtout des qualités supérieures. Il y a dans cette région bien des terres propres à sa culture ; il s’agit seulement de les reconnaître et d’y adapter judicieusement les diverses variétés de la plante. Déjà des compagnies américaines ont fait des essais en ce sens. Ils ne peuvent manquer d’aboutir.

Les tierras templadas sont relativement peu étendues. Au fur et à mesure qu’on avance vers le sud, elles font plus rapidement place aux tierras calientes. Là le soleil est de feu et presque tous les jours les nuages qui s’amoncellent sur l’Océan et viennent se heurter aux sierras émergeant brusquement des plaines, à des hauteurs de deux à trois mille mètres, éclatent en orages. Sous cette double action, les cultures qui donnent la richesse, la canne à sucre, la ramie, le henequen, le café, le cacao, la vanille, s’épanouissent. Les forêts tropicales, par leur puissante végétation, laissent bien loin derrière elles nos forêts alpestres ; elles produisent le caoutchouc et les bois à la chaude coloration que recherche l’ébénisterie de luxe. Le Yucatan et le Campêche, qui s’avancent au milieu du golfe du Mexique et ont pu nouer des relations directes avec l’Europe, sont connus pour leurs richesses forestières et agricoles ; mais les États méridionaux de la côte du Pacifique sont non moins favorisés ; seulement ils sont presque inexplorés encore et ne seront guère accessibles que quand les chemins de fer les traverseront[1]. En attendant, on peut y acheter des forêts magnifiques de bois de construction pour cinq francs l’hectare. Dans ces dernières années, des compagnies anglaises ont fait dans cette région des achats considérables. Ce sont des placemens de grand avenir.

Les terres chaudes du Mexique sont les mieux douées du monde, avec celles de Cuba, pour la production du sucre. Quand on compare leurs plantations avec celles de la Louisiane, par exemple, où la culture de la canne a été introduite artificiellement et ne s’est soutenue que par des droits protecteurs, aujourd’hui par des primes, on se rend compte de leur supériorité. Tous les domaines (haciendas) situés dans cette région ont une sucrerie. Seulement

  1. Dans l’État de Guerrero, tout entier couvert par des sierras et des barrancas, les Indiens ont conservé leur organisation en tribus et sont assez hostiles aux étrangers qui cherchent à s’établir au milieu d’eux.