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travailleurs et le capitaliste disposant de quelques dizaines de mille francs ont le plus de chances de se créer un home. La constitution si complexe de la société au Mexique ne permet guère de se faire une place au soleil qu’aux riches capitalistes qui y arrivent organisés en sociétés et prêts à passer des contrats aux conditions usitées d’après les mœurs locales avec le gouvernement de la république et avec ceux des États particuliers. Il n’y a d’exception que pour les commerçans proprement dits.


VII

Le Mexique conserve un des traits caractéristiques des pays d’ancien régime : le peu de développement des classes moyennes. Nulle part on ne rencontre de plus grands extrêmes de pauvreté et de richesse. C’est le propre de la liberté économique, quand d’ailleurs la justice est suffisamment observée, de multiplier les degrés divers de richesse, tandis que la violence matérielle et la tyrannie de la loi rejettent incessamment dans la pauvreté ceux qui commençaient à s’élever ; seuls, les forts, qui peuvent lui résister, deviennent et plus riches et plus forts.

La petite et la moyenne propriété, nous l’avons vu, existent à peine sur quelques points. Les métiers n’occupaient jusqu’à présent qu’un petit nombre d’artisans, parfois très habiles, mais peu portés à chercher des voies nouvelles et à s’élever au-dessus de leur condition. La grande industrie était absolument inconnue et le commerce, saut à ses degrés les plus infimes, était, comme il l’est encore, abandonné aux étrangers.

Les taux courans d’intérêt sont de 9 à 10 pour 100 pour les placemens hypothécaires, de 12 pour 100 pour les prêts commerciaux. Là où l’usure s’exerce, et ses ravages sont très grands, ces taux sont largement, dépassés. Les richesses naturelles du pays sont telles que beaucoup d’entreprises agricoles et industrielles peuvent les supporter ; mais ils témoignent de la rareté des capitaux.

Toutes les institutions qui, chez nous, développent l’épargne et le self hep sont à peine représentées par trois ou quatre caisses d’épargne. Le champ serait cependant immense pour elles et l’élévation du taux de l’intérêt rendrait leurs résultats très rapides comme pour toutes les institutions de prévoyance.

Des sociétés de secours mutuels se sont récemment formées à Mexico et dans quelques grandes villes sur la base professionnelle et en réunissant des hommes de toute race ; elles semblent sorties des vieux souvenirs de la civilisation aztèque où des corporations de métier existaient. Elles sont déjà une force politique que