Les Anglais et les Américains réussissent surtout dans les entreprises industrielles et les exploitations minières. Ils sont beaucoup moins aptes que leurs concurrens européens au commerce de détail, et, au Mexique, il faut toujours l’unir au commerce d’importation. Le pays n’est pas assez avancé pour que la différenciation entre le gros et le détail se soit encore produite. Les importateurs vendent eux-mêmes aux cliens dans les grandes villes ; les petits marchands mexicains des bourgades de l’intérieur Tiennent s’approvisionner chez eux en obtenant des crédits de six mois et d’un an moyennant le 12 pour 100.
Les Suisses et les Belges sont représentés par un petit nombre de maisons honorables ; ils se sont joints aux sociétés de bienfaisance françaises.
Nos 4,000 à 5,000 compatriotes établis au Mexique[1] forment une colonie dont nous devons être fiers et qui fait revivre l’esprit d’entreprise, les remarquables facultés d’adaptation autrefois propres à toute notre race. La moitié est à Mexico où l’élément cosmopolite tient une large place. Elle comprend un certain nombre d’industries de luxe, particulièrement de maisons de modes. C’est surtout dans le commerce des étoffes que nos négocians ont acquis une prépondérance incontestée. Ils ont imposé le goût français à la société. Un jour de fête, la salle du teatro national, à Mexico, a un aspect presque parisien. Un immense magasin bâti sur le modèle du Bon Marché et exploité selon ses méthodes, El palacio de Hierro, est aujourd’hui une des curiosités de la vieille capitale aztèque. Plusieurs générations de commerçans y ont fait fortune. Toutes les grandes villes, Guadalajara, Puebla, San-Luis de Potosi, Cohahuila, comptent des colonies françaises bien organisées et il est peu de villes de second ordre où l’on ne trouve quelque maison française.
La plupart des commerçans français établis au Mexique sont originaires de la vallée de Barcelonnette et on les appelle couramment les Barcelonnettes. En 1821, un nommé Arnaud, originaire de cette vallée, l’une des plus pauvres des Alpes provençales, alla chercher la fortune au Mexique et l’y trouva. Ses frères, ses neveux, ses voisins, vinrent l’y rejoindre les uns après les autres et un courant régulier d’émigration s’est ainsi établi peu à peu. Les jeunes gens arrivent comme commis chez leurs compatriotes chefs de maisons. Suivant un vieil usage malheureusement perdu en France aujourd’hui, ils logent et mangent chez le patron. Celui-ci intéresse à ses affaires les plus capables et il finit par choisir parmi
- ↑ Nous comprenons les femmes et les enfans dans ce chiffre.