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AU BAGNE

II.[1]
LA COLONISATION PÉNALE.


I

Ce qu’on nomme progrès n’est pas toujours, — ainsi que le voudrait l’étymologie, — une marche en avant ; c’est souvent, au contraire, un retour vers une source de vérité abandonnée ou méconnue depuis des siècles : on croit s’être frayé un nouveau chemin, alors que l’on n’a fait autre chose que débarrasser un très vieux sentier des ronces qui l’envahissaient. Cela est vrai d’un grand nombre de nos théories modernes, parfois si infatuées d’elles-mêmes, notamment de celles qui ont trait au mode de répression des criminels et au moyen d’obtenir leur régénération.

Ces doctrines excellentes, fraîchement émoulues des congrès pénitentiaires et qui paraissent très fin de siècle puisqu’on commence à les appliquer aux environs de l’an 1900, datent, en réalité, de la chute de l’antiquité païenne. Que sont-elles, en effet, si ce n’est le développement d’une idée clairement et magistralement

  1. Voyez la Revue du 15 mai.