Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ça et là sur la grève et sur les rochers de la plage dans toutes les attitudes du repos, ou gracieusement, et sans témoigner la moindre crainte, se livrant autour de notre bateau à toutes sortes de jeux folâtres. Ce jour-là, je fis pour la première fois connaissance avec ces singulières créatures, et, de cette époque, — 1867, — date l’intérêt tout spécial que j’ai toujours éprouvé depuis pour l’étude des Otaridées, l’une des plus curieuses familles du règne animal…

« En ce qui concerne la chasse pélagique du Callorhinus ursinus faite en mer par des bateaux pêcheurs, elle doit être doublement condamnée, puisque la destruction atteint presque exclusivement les femelles nourricières ou pleines, c’est-à-dire les animaux qui, dans aucun cas, ne devraient être tués. Il est absolument regrettable qu’une nation civilisée, possédant des règlemens de pêche, permette un pareil gaspillage. Quand on considère que les 62,500 peaux, dont les chasseurs pélagiques se sont emparés en 1891, représentent au minimum le sixième des phoques détruits, soit 375,000 — en admettant que l’on prenne un animal sur trois atteints, et que chacun de ces derniers allaite ou porte un petit, — point n’est besoin de chercher ailleurs la cause de la rapide diminution observée dans les stations des îles Pribylov. Si la chasse pélagique du phoque n’est interdite ou sérieusement entravée dans le Pacifique septentrional et dans la mer de Behring, l’extermination du Callorhinus ursinus, au point de vue économique, sera consommée d’ici quelques années. »

La chasse en mer du phoque est aussi condamnée par les savans naturalistes et docteurs Philip Lutley Selater, de Londres, Alfred Nehring, de Berlin, G. Hartlaub, de Brème, Von Middendorf, de Dorpat, en Livonie, Emil Holub, de Prague, et Carlos Berg, de Buenos-Ayres. À ces autorités il convient d’en ajouter deux non moins illustres en histoire naturelle, MM. W. Lilljeborg et A.-E. Nordenskjold, de Stockholm. « La chasse pélagique, ont écrit ces professeurs, c’est-à-dire la poursuite systématique du phoque en pleine mer, au cours de ses migrations et autour des stations, amènera bientôt l’extermination de cet animal précieux, et d’un intérêt si considérable au point de vue scientifique, d’autant plus qu’un grand nombre des animaux tués de cette façon sont des femelles pleines ou des femelles qui ont quitté momentanément leurs petits pour se mettre en quête de nourriture dans le voisinage de leurs îles. Tous ceux qui ont une expérience quelconque de la chasse du phoque attesteront de même que seulement une petite portion des phoques tués ou blessés gravement en pleine mer peuvent être capturés de cette façon. Nous sommes donc persuadés que l’interdiction de la chasse pélagique du phoque est une