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électrique. Le creuset ayant été sorti du four, il le trempa alors brusquement dans l’eau, puis quand la couche extérieure solide se fut formée, il laissa la masse se refroidir à l’air libre.

Il obtint ainsi du graphite, un charbon de couleur marron et une certaine quantité de carbone très dense qu’il isola par des procédés chimiques. Ces derniers fragmens rayaient le rubis et brûlaient dans l’oxygène à la température de 1,000 degrés en donnant de l’acide carbonique ; c’étaient donc des diamans ; les uns d’un noir chagriné, les autres, brillans.

Les diamans brillans obtenus par ce procédé sont généralement entourés d’une gaine de carbone noir dont il faut les séparer par de nouvelles actions d’agens chimiques. En les brûlant dans l’oxygène à 1,050 degrés, ils donnent une cendre légèrement ocreuse ayant conservé la forme du cristal et tout à fait identique à celle des échantillons de diamans impurs.

On peut obtenir des résultats analogues en faisant refroidir hors de la présence de l’oxygène un culot de fonte saturé de charbon de sucre et chauffé tout d’abord à 2,000 degrés. On obtient ainsi de petits cristaux transparens analogues à ceux des diamans des terres bleues du Cap. Le rendement en diamans par les procédés au fer est très faible et bien inférieur à celui du procédé à l’argent, mais par l’entremise de ce dernier métal il n’a pas été possible d’obtenir les diamans brillans que donne l’emploi du fer comme dissolvant.

M. Berthelot a tenté, sans résultat satisfaisant, d’arriver à une reproduction analogue du diamant par des moyens purement chimiques ; il a bien obtenu par ce moyen le carbone dans un état particulier, mais il n’a pu parvenir au diamant.

Les procédés employés dans les expériences de M. Moissan semblent se rapprocher beaucoup de ceux que la nature a utilisé pour donner au carbone la forme particulière connue sous le nom de diamant, et il est de toute vraisemblance qu’en continuant dans cette voie, on arrivera peu à peu à augmenter le volume des diamans produits.

Aujourd’hui on est, en effet, en possession d’une méthode régulière, qui permet d’obtenir des diamans microscopiques noirs chagrinés et brillans en tous points identiques, à ceux que l’on rencontre mêlés aux mêmes variétés de carbone et dans la terre bleue du Cap et dans lies météorites diamantifères.


LEO DEX.