M. le président du conseil qui, par son discours de Toulouse, avait seulement enfermé les révolutionnaires dans un dilemme, s’est vu forcé d’offrir à quelques-uns d’entre eux une prison plus solide à la suite des troubles parisiens de cette dernière quinzaine.
Pendant qu’à Berlin Guillaume II, inaugurant son nouveau Reichstag, appelait sur les travaux du parlement de l’empire les bénédictions du ciel ; pendant qu’à Londres le prince de Galles mariait son fils et héritier présomptif, au milieu de l’allégresse loyaliste de la Grande-Bretagne, et que M. Gladstone commençait à Westminster l’exécution de l’horaire inflexible dans lequel il a enfermé le vote du home-rule ; tandis qu’à Vienne le parti avancé s’occupait des préparatifs d’un meeting monstre en faveur du suffrage universel ; qu’à Rome M. Giolitti emportait enfin le vote de la loi des banques, où sa majorité avait menacé de se fondre ; et tandis qu’à Madrid enfin M. Sagasta, irrésolu, s’arrêtait à la bifurcation des chemins de la routine et de la réforme, et se demandait avec mélancolie quel serait celui de ses collègues qu’il lui faudrait sacrifier, — pendant ce temps Paris voyait brûler des kiosques et culbuter des omnibus.
Le désordre avait commencé par une manifestation d’étudians, un monôme, puisque ce vocable fait désormais partie de la langue d’un pays libre. Ces jeunes gens, désireux de témoigner, d’une part à M. Bérenger, président de la « ligue contre la licence des rues, » le mépris que cette institution leur inspire, d’autre part à leur camarade, M. Guillaume, la douleur qu’ils avaient ressentie de la condamnation à lui infligée, pour son rôle dans un bal artistique, mais décolleté à profusion — condamnation d’ailleurs bénigne, à 100 francs d’amende, avec application… de la loi Bérenger ; l’honorable sénateur se trouvant