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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/551

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de Nepi sont soumis à la servitude du pâturage ; qu’à Viterbe, sur 20,000 rubbia de terre, 12,000 sont grevés de la même charge. Les communes sont maîtresses de l’herbe. Elles font trois parts de ces immenses pâturages, dont la propriété nominale appartient cependant à des particuliers : l’une est laissée aux bœufs de labour ; la seconde produira du foin qui sera vendu aux enchères, au profit de la commune ; la troisième est abandonnée à qui voudra y jeter ses troupeaux, moyennant une indemnité, toujours pour la commune. Le malheureux possesseur du sol en est réduit à recueillir seulement le produit des parcelles labourées, qu’il ne peut même pas multiplier, pour ne pas nuire à la communauté. Aussi, des décisions pontificales, spéciales à certaines communes et bientôt changées en loi générale, permettent-elles de racheter, soit en argent, soit en nature, les servitudes de pacage. Le territoire de l’Agro a été presque entièrement libéré, en conséquence de cette loi.

Le gouvernement italien s’empare de Rome. À peine y est-il entré, qu’il est obligé de s’occuper de la même question. L’opinion publique l’y pousse. Plusieurs de ses partisans ont affirmé, dit, écrit, — injustement, je crois, — que les papes n’avaient presque rien fait pour la campagne romaine. On attend du régime nouveau une solution que l’ancien n’a pas donnée. Une commission est nommée, dès 1870, pour préparer une loi d’ensemble sur l’amélioration de l’Agro romano. Autour d’elle, une foule d’intérêts et de passions s’agitent. Chacun lui propose sa panacée. Les opinions les plus extraordinaires se font jour, celle, par exemple, de décréter la création de quatre grands villages de 1,000 habitans, celle de faire cultiver la campagne romaine par des hommes de couleur. Elle continue, sans se troubler, son enquête, sous la direction d’un homme de haute valeur, l’ancien syndic de Florence, M. Ubaldino Peruzzi, et les conclusions de ses longs travaux, discutées et modifiées par les chambres, deviennent enfin les deux lois du 11 décembre 1878 et du 8 juillet 1883.

La première de ces lois était relative au bonificamento idraulico. Elle prescrivait d’abord, et mettait à la charge de l’État, les grands travaux de dessèchement des marais d’Ostie et de Maccarese, de l’île sacrée, de la vallée de l’Almone, du lac des Tartares. Puis elle confiait à quatre-vingt-neuf syndicats obligatoires de propriétaires, — consorzi, — le soin de creuser des canaux, de les relier entre eux, d’entourer les cultures de fossés, et d’assurer l’écoulement de toutes les eaux stagnantes. A-t-elle été observée ? a-t-elle produit d’heureux effets ? On peut répondre affirmativement. Les travaux, concédés par l’État à des compagnies, ont été partout entrepris. S’ils ne sont pas tous achevés, par exemple ceux d’Ostie