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obtenu ? Le voici : à la fin de 1891, un seul propriétaire se trouvait parfaitement en règle avec la loi de la bonifica, le cavalier Bertone, un Piémontais, qui a acheté les Capannelle, domaine de 100 hectares, presque entièrement situé en dehors de la zone des 10 kilomètres, et y a fait exécuter quand même de grands travaux. Viennent ensuite dix tenute, représentant 1,800 hectares, et qui sont reconnues à peu près en règle : Caffarella et Capo di Bove au prince Torlonia ; Tor di Quinto, au prince Borghèse ; Tor Sapienza au prince Lancelotti ; Tre Fontane aux pères trappistes ; Tor Marancio au comte de Mérode ; Quadrato à l’œuvre pie Pichi Lunati ; Ponte di Nona au cavalier Bertone ; Marranella à M. Joseph Anconi ; Valca et Valchetta aux frères Piacentini ; Torre nuova au prince don Paul Borghèse.

Dans seize autres domaines, l’administration relevait des améliorations partielles, qui devenaient insignifiantes dans vingt domaines classés à la suite. Enfin, soixante-sept domaines, d’une superficie de 11,000 hectares, n’avaient pas encore senti le moindre effet de la loi de 1883[1]. Et rien ne semble avoir changé depuis ces documens, publiés l’an dernier. Je me suis informé : on m’a seulement assuré que l’un des acquéreurs d’une des deux seules terres expropriées en vertu de la loi avait renoncé à son acquisition et restitué le domaine à l’État, son vendeur, ne pouvant, disait-il, exécuter le programme des trop coûteuses améliorations imposées par le cahier des charges.

Enfin, l’une des idées souvent émises par les promoteurs des réformes était que l’usage des belles eaux de montagne, amenées à Rome par les aqueducs, pourrait être de grande importance et raréfier les cas de malaria dans les fermes de la campagne. On a fait de très méritoires efforts en ce sens. La commune a mis à la disposition des propriétaires de la rive gauche du Tibre 2,000 mètres cubes d’acqua Marcia. On a établi 35 kilomètres de conduites d’eau, onze centres de distribution, près de Sainte-Agnès, à Tor di Schiavi sur la voie Prenestine, à l’osteria dei Spiriti, sur la nouvelle voie Appienne, à Capo di Bove, etc. L’expérience a, de plus, démontré que partout où l’acqua Marcia remplaçait les eaux de puits, les chances d’immunité augmentaient. Cependant, sur 2,000 mètres cubes offerts aux intéressés, 300 seulement ont été vendus par la commune.

Les résultats ne sont donc pas nuls, comme certains l’ont prétendu, mais ils sont encore médiocres. Les lois sur la bonifica de la campagne romaine n’ont pas opéré la transformation rapide qu’on attendait d’elles. À qui la faute ? aux propriétaires ? aux fermiers ?

  1. Agro romano., Relazione monografica. etc.