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l’énorme logis féodal, flanqué de deux tours carrées, et où un régiment en manœuvre logerait à l’aise. Par la fenêtre de l’appartement où la table est dressée, la vue erre sur une campagne verte illimitée, çà et là traversée d’une ligne d’arbres ou tachée d’un bouquet d’ormeaux, et qui ressemble, qui doit ressembler surtout au printemps, à la campagne anglaise.

Je désirais beaucoup connaître le rendement détaillé d’une exploitation rurale comme celle-là. Les deux princes Rospigliosi, qui sont des agriculteurs consommés et possèdent merveilleusement la comptabilité de leur tenuta, ont bien voulu me fournir des chiffres. Et voici ce que j’ai appris.

Le domaine de Maccarese, dont la contenance totale est de 5,560 hectares, comme je l’ai dit, est, pour une moitié, cultivé directement par les propriétaires, pour l’autre moitié affermé. À l’époque où il était entièrement loué, il rapportait 160,000 francs, d’où l’on devait déduire l’impôt foncier. Aujourd’hui, la partie cédée à bail, et qui comprend presque toutes les terres labourables ou du moins soumises à la culture, — 400 hectares, — produit 86,000 fr. Les huit cents bœufs et vaches et une centaine de chevaux qu’elle nourrit appartiennent aux princes ; le fermier possède seulement une masseria de 3,000 à 4,000 brebis. La réserve, directement administrée, et qui compte seulement 60 hectares de terre labourée, renfermait, au 30 septembre dernier, 1,050 buffles, 99 chevaux, 22 bœufs, 114 vaches et taureaux.

Or un troupeau de buffles comme celui-là rapporte environ 40,000 francs par an. Il avait donné, en novembre 1892, un produit net de 3,656 francs de fromage.

Le fait de vache ne peut se vendre qu’en hiver et au printemps. Il s’expédie à Rome au prix de 0 fr. 26 le litre, puis sur le domaine.

Quant aux impôts, toujours payés par les propriétaires, même pour les parties louées, ils ont prodigieusement augmenté.

En 1855, ils étaient, pour Maccarese, de 2,000 écus, soit 10,000 francs. Aujourd’hui, il faut additionner les impôts de l’État, ceux de la province, ceux de la commune, auxquels s’ajoutent les impôts sur les troupeaux, 5 francs pour un taureau, 3 fr. pour une vache, 1 fr. 50 pour un veau. Le compte total pour la terre de Maccarese est donc le suivant :

¬¬¬

Imposta governativa 32,406 fr. 42
— provinciale 1,370 44
— communale 3,206 68
Impôt sur les bestiaux 2,770 »
Total 39,753 fr. 54