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des agronomes accourus des divers points de la France et même de l’étranger et ne cherchons point, sous peine de n’émettre que de pures banalités, à faire concourir des opinions qui n’étaient divergentes qu’à raison de la différence manifeste des points de départ et des buts poursuivis.


I.

Comme la submersion et l’utilisation des terrains sableux peuvent être qualifiées de moyens exceptionnels qu’il est permis de négliger dans un tableau d’ensemble, le viticulteur de la fin du XIXe siècle, avant de pouvoir livrer au commerce du vin marchand, doit se préoccuper de la nature des vignes américaines susceptibles de croître dans le sol qu’il exploite ; puis il organise ses pépinières de boutures, et greffe ses sujets ; en troisième lieu, ses plantations organisées, il s’informe de la nature des engrais les plus propres à lui assurer des récoltes rémunératrices ; en quatrième lieu, il doit défendre ses précieuses souches contre les effets désastreux produits par les cryptogames, les insectes et les intempéries. S’il a eu enfin le bonheur d’amener sans encombre ses paniers, hottes, cornues ou tombereaux, gorgés de raisins, jusqu’à la cuve, il lui restera à s’occuper de la marche de la vinification dans un cellier convenablement outillé.

Telles sont les cinq questions principales que le congrès a parcourues en séance publique et que nous examinerons successivement en passant brièvement sur les matières trop connues pour avoir mérité un long examen au sein de l’assemblée ou trop complexes et obscures pour que la discussion, à l’heure actuelle, en soit féconde.

Lorsqu’on veut réorganiser des vignobles détruits par le phylloxéra ou en constituer de nouveaux, la difficulté théorique n’est pas bien grande. On dispose actuellement, et à prix très bas, d’excellentes variétés de souches américaines qui reprennent de boutures avec la plus grande facilité, émettent des racines que ne peuvent entamer les morsures du phylloxéra, même dans les années défavorables comme celles que nous traversons, et qui, soit en pépinière, soit sur p ace, reçoivent la greffe de toutes nos vieilles et nouvelles variétés françaises. La vigueur du sujet est amplement suffisante pour assurer au greffon, avec une bonne nourriture, un développement hâtif et une mise à fruit précoce et abondante. Plus tard, si le végétal mixte est suffisamment nettoyé et fumé et si le vigneron empêche l’affranchissement, l’association hétéroclite continue à prospérer durant de longues années et, à