pire que jamais et refuse de prendre un journalier, car ces mâtins-là, gémit-il, ne gagnent pas le pain qu’ils mangent, et il faut les payer deux fois plus cher qu’il y a trente ans, mais n’oubliez pas que l’économie est une seconde récolte. Toi, mon fils, évite les cabarets, le jeu de quilles, la chasse, car à la porte d’un chasseur il n’y a jamais grand fumier ; et n’abuse pas de la graisse de nez (le tabac). Gare-toi aussi des procès ; celui qui gagne un procès revient en chemise, et celui qui le perd revient tout nu. Quant à la culture, tu nous as vus à l’œuvre, et tu marcheras dans notre sillon ; il n’y a pas de mauvais champs, il n’y a que de mauvais maîtres ; peu d’engrais chimiques, beaucoup de fumier, fais des prés, du bétail, aie pour l’hiver autant de mille de fourrages qu’il y a de pattes dans ton écurie. Que la saison du patchi foué (du partir dehors, le printemps) te trouve le premier à atteler tes poumots pour semer les carèmes. Lorsque tu auras fauché, fais de bonne heure tes valmonts, afin d’y enfermer le soleil. N’empiète pas sur ton voisin, mais ne le laisse pas retourner tes raies ; ne voyage pas trop, à courir foires et marchés un qui gagne et cent ruinés. Enfin rappelez-vous qu’en ménage il y a une plume dans l’oreiller qui rarrange tout. »
Il n’adressait qu’un reproche à sa bru, mon ami ; il la trouvait trop jolie. N’avait-il pas entendu dire que la beauté ne se mange pas à la cuiller. Mais il se consolait à l’idée que du moins celle-ci avait de quoi.
Ensuite, en guise de bénédiction, la grand’mère de la mariée imagina de lui chanter, d’une voix chevrotante et cassée, cette romance du temps jadis :
À ta quenouille au ruban blanc, |