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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/126

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leurs doigts. Ce travail est moins sûr que le procédé des Indes, mais il a l’avantage, prétend-on, de mieux conserver aux perles leur fraîcheur et leur orient.

Le rendement de la pêche perlière dans la Méditerranée américaine a décru et ne saurait se comparer à celui de la mer des Indes, et cependant ces côtes des Antilles ont fourni quelques-unes des plus belles perles connues. On cite celle offerte à Philippe II d’Espagne ; elle était de la grosseur d’un œuf de pigeon et évaluée à 100,000 livres ; on cite aussi celle de Léon X qu’un joaillier vénitien lui vendit 350,000 livres. Ces prix sont peu de chose encore comparés à celui payé par le shah de Perse pour une perle des Indes achetée à Califa par le voyageur Tavernier et revendue au shah 2,700,000 francs.

Les perles recueillies par les pêcheurs des Bahama sont nettoyées avec de la poudre de nacre qui leur donne de la rondeur et du poli, puis passées au crible pour en déterminer la taille et la valeur : — « Ces cribles, écrit M. Lamiral, au nombre de onze, sont faits de manière à pouvoir s’enchâsser les uns dans les autres ; chacun d’eux est percé d’un nombre de trous qui détermine la grosseur des perles et leur donne un numéro commercial. Ainsi le crible no 20 est percé de vingt trous, et les cribles no 30, 50, 80, 100, 200, 600 et 1000 sont percés d’un nombre de trous égal à ces chiffres. Les perles qui restent au fond des cribles nos 20 à 50 sont comprises sous la dénomination de mell ou perles de premier ordre. Celles qui traversent les cribles de 100 à 800 sont de la classe vadivoo ou perles de second ordre. Enfin, celles qui passent au travers du crible no 1000 appartiennent à la classe tool ou semence de perles et sont de troisième ordre. » — Les perles vierges, ou parangons, que l’on ne trouve qu’isolées et dans le tissu de l’animal, globuleuses, ovoïdes ou piriformes, se vendent à la pièce.

Quant à la nacre, dont on fait, notamment en Chine et dans tout l’extrême Orient, une grande consommation, elle se divise en nacre franche, bâtarde blanche et bâtarde noire : la première est la plus recherchée ; la coquille dont on la détache est aplatie et légèrement concave ; l’intérieur, d’un blanc éclatant, reflète les couleurs de l’arc-en-ciel, seulement le bord de la partie nacrée est arrêté par un signe bleuâtre.


V

Nassau, port de l’île de la Nouvelle-Providence, est devenu le centre du commerce maritime qu’alimentent les productions