diverses de l’archipel des Bahama. Construite sur la côte septentrionale de l’île, la ville déploie en façade, sur trois kilomètres au bord de la mer, ses villas espacées, ses cases, ses entrepôts que domine un monticule sur lequel s’élèvent la résidence du gouverneur-général et une colossale, mais médiocre statue de Colomb. L’exubérante végétation jette, avec une superbe indifférence, sur l’ensemble disparate, sur les cases des métis, sur les huttes des nègres comme sur les demeures élégantes des blancs, son manteau de verdure et de fleurs. Au long des primitives clôtures de pierres sèches, serpentent les lianes, se détachent en rouge vif les pétales du coral vine et les fleurs odorantes du jasmin jaune. Les roses rouges et blanches, les lauriers-roses s’élèvent en buissons touffus, et le night blooming cereus entr’ouvre, au soleil couchant, ses larges corolles nocturnes, d’un blanc de neige et de 0m,30 de circonférence.
Le port, en eau calme et profonde, est abrité du large par Hog-Island, récif en forme de brise-lames, et fréquenté par de nombreuses goélettes de cabotage et les navires affectés au transport des fruits à destination des ports américains. Sous les hangars construits au long des quais, pendent les régimes de bananes, s’entassent les courtes d’ananas frais, s’empilent les boîtes d’ananas conservés, de gelée de goyaves, de flacons de fruits de toute sorte, puis les oranges, les citrons, les noix de coco, les écailles de tortue, les colliers d’épongés, et, commerce naissant, les caisses déplantes des tropiques. Dans les rues, les négresses, bariolées d’étoffes voyantes, accroupies devant des calebasses, tentent la cupidité des acheteurs en leur offrant des lots de pintadines fraîchement pêchées ; d’autres vendent des nacres, des camées et les coquillages aux nuances infiniment variées qui sont l’un des plus charmans produits des Bahama. Près d’elles, les métisses, légèrement et coquettement vêtues de blanc, étalent sur des nattes de curieux échantillons de l’industrie locale : cannes d’ébène, de bois de fer, d’oranger, de cocotier, d’autres faites de l’épine dorsale du whip-fish (poisson fouet), qui abonde sur les côtes. Plus loin, d’autres exposent en vente des paniers finement tressés et de formes bizarres remplis de fruits ou de fleurs harmonieusement groupés.
C’est surtout aux abords du Royal Victoria hotel que ce commerce est, du matin au soir, en pleine activité. Ce Royal Victoria hotel, construit par le gouvernement anglais, mais depuis longtemps exploité par des Américains et, notamment, au début, par M. Lewis Cleveland, frère du président actuel des États-Unis, est le plus important édifice de Nassau. Aménagé pour les valétudinaires qui viennent chercher ici un climat doux et un air salubre, il renferme plus de trois cents chambres donnant toutes sur de