s’établir à Paris, où il forma des liaisons avec des hommes exaltés, toujours occupés à tramer quelques complots contre l’empereur. Parmi eux se trouvait le général Servan, l’ancien ministre de la guerre, et un sieur Jacquemont, membre du tribunal. Servan vint à mourir au moment où la police commençait à se méfier de lui ; Jacquemont seul fut arrêté, mais on trouva dans les papiers du général Servan le plan très détaillé de l’organisation d’un gouvernement provisoire, dans le cas où on réussirait à se défaire de Napoléon. La police découvrait en même temps une association secrète formée dans le dessein d’agir sur l’armée. Le plus capable et le plus audacieux des fondateurs de cette association, dont les membres se donnaient le nom de Philadelphes, était un nommé Bazin, originaire du Mans. Il avait, dans les plus mauvais jours, épouvanté le département de la Sarthe par la rédaction d’un journal très violent ; c’était lui qui le premier avait conçu, en 1799, l’idée de la loi des otages. La crainte des vengeances du parti chouan avait, depuis, décidé M. Bazin à s’éloigner du Mans et à se réfugier à Paris.
Après beaucoup d’interrogatoires, de recherches et de perquisitions, on ne trouva pas de preuves suffisantes, ni contre Bazin, ni contre Jacquemont ; personne ne fut mis en jugement ; on se borna donc à détenir comme prisonniers d’État tous ceux sur qui on avait mis la main. Le général Malet, également compromis dans l’une et l’autre affaire, lut du nombre des détenus. Ceux-ci restèrent presque tous dans les prisons de Paris, probablement parce que M. Dubois, ne renonçant pas à l’espérance que de nouvelles investigations seraient plus fructueuses, préférait garder les prévenus sous sa main. Le général Malet obtint assez promptement d’être transféré de la prison de la Force, dans une maison de santé, au faubourg Saint-Antoine. Il avait eu avec M. Fouché, dans le cours de sa vie révolutionnaire, des rapports qui lui donnèrent quelques droits à un souvenir bienveillant ; il lui dut cet allégement, considéré presque toujours comme un acheminement vers une liberté qui ne se fit pas longtemps attendre. Dans la réalité, l’homme qui était détenu dans une maison de santé ne devait être considéré que comme un prisonnier sur parole ; rien ne lui était plus aisé que de s’évader ; il n’y avait là ni gardien, ni guichet, ni grille, ni verrou. Le propriétaire de l’établissement était seul responsable des individus qui lui étaient confiés et n’avait pour les surveiller que des domestiques, chargés en même temps de les servir. On recevait, dans ces maisons, toutes les visites des personnes que les détenus jugeaient à propos de voir, avec lesquelles ils passaient, sans nulle gêne, la plus grande partie de la journée ; les communications entre le dedans et le dehors ne souffraient donc aucune difficulté.