commandement des troupes aux généraux Guidal, Desnoyers et Pailhardy, tous trois révolutionnaires. Le licenciement des cohortes était annoncé. Le général Lecourbe, ennemi personnel de Napoléon, le plus déterminé des jacobins, était nommé commandant d’une armée centrale, qui allait s’assembler sous Paris. Le général Lahorie devait être le chef d’état-major de cette armée. Les promesses de hautes paies et de grades supérieurs y étaient prodiguées aux officiers et aux soldats qui se distingueraient par leur zèle. Enfin, l’arrestation des hommes pervers et corrompus, qui voudraient se servir de leur influence pour contrarier la marche du gouvernement provisoire, était annoncée comme devant s’exécuter sans délai ; il était ordonné aux troupes qui seraient employées à ce service de le faire avec ordre et modération, mais avec toute l’énergie qu’exige une mesure commandée par la tranquillité publique. Il est évident que l’abbé Lafon avait une grande part à la rédaction du sénatus-consulte et que l’ordre du jour appartenait tout entier au général Malet.
Les premières recherches ne se firent donc point sans quelque hésitation. L’interrogatoire que M. Real fit subir au général Lahorie, avant qu’il fût envoyé devant la commission militaire, mit en lumière la folie qui avait présidé à la conception du général Malet. Le duc de Rovigo voulut que j’y assistasse ; il m’envoya chercher ; c’était une attention dont je me serais bien passé. M. Pelet avait été aussi appelé, ainsi que M. Angles, M. Saulnier et M. Desmarets. Je fus donc témoin de la scène, qui dura plus de trois heures. Lahorie soutint et démontra jusqu’à la dernière évidence qu’il n’avait rien su à l’avance, que la vue d’un général qui se présentait à la tête d’une force militaire nombreuse, sans apparence de tumulte, lui avait inspiré confiance ; qu’il avait cru à la mort de l’empereur, qui n’avait en soi rien d’extraordinaire ; que la révolution annoncée ne lui avait présenté aucune invraisemblance ; qu’il avait vu bien d’autres changemens de gouvernement et notamment celui du 18 brumaire. N’était-ce pas un sénatus-consulte qui avait fait le premier consul empereur ? Si le sénat avait créé le gouvernement impérial, ne pouvait-il pas l’avoir aboli ? Pris au dépourvu, éveillé en sursaut, il avait été complètement dupe d’un homme qui exerçait sans conteste un grand pouvoir, qui se faisait ouvrir sans violence les portes de la prison, auquel tout ce qui l’environnait s’empressait d’obéir. Lorsqu’on lui mettait sous les yeux le sénatus-consulte, en lui demandant comment il avait pu être trompé par une fabrication aussi grossière et par des dispositions aussi incohérentes, il répondait qu’à peine y avait-il jeté les yeux, que, pressé par Malet de se mettre à la tête de la troupe dont le commandement lui était