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Après la création, nous passons au déluge. Dans le second Fargard, Ahura-Mazda raconte à Zarathushtra comment il offrit à Yima Khshaêta (Jamshîd), au beau Yima, au bon pasteur, de porter sa religion aux hommes. Yima refusa, disant : — « Je ne suis pas fait à étudier et à porter ta loi. » — Mais il accepta de multiplier les créatures, de les entretenir, de les gouverner, de veiller sur elles et de bannir du monde la maladie et la mort. Ahura prédit alors à Yima les hivers de malheur qui viendront fondre sur la terre, ainsi que le déluge de neige qui s’étendra, à l’épaisseur d’un ardevi, sur les montagnes les plus hautes ; et il lui ordonne de construire un var, long d’une course de cheval sur chacun des quatre côtés, avec balcon, salles extérieures et cloître, et d’y porter des germes du petit bétail et du gros bétail, des hommes et des plantes, pour les faire échapper à la destruction. Puis, après un chapitre consacré à l’éloge de l’agriculture et à la sainteté de la terre, s’ouvre une sorte de code sacré, plus ou moins théorique, qui forme le corps même du Vendidad. La plus grande partie de ce code est occupée par des prescriptions, relatives aux diverses impuretés, qui ne sont pas sans analogie avec celles du Lévitique. Le Vendidad se termine p.ir le célèbre Fargard de la tentation et de la mission de Zoroastre. Les mauvais esprits se précipitent sur le prophète, du fond des régions du Nord, pour le séduire ou le tuer ; mais il les terrasse en invoquant Ormazd qui lui découvre les fondemens de la vraie religion.

Voilà un bel ouvrage, qui, malgré les développemens fastidieux, mais très voulus, de ce long défilé d’impuretés légales, présente une certaine unité. En dehors du Vendidad, tous los livres de l’Avesta qui nous sont parvenus sont des livres liturgiques.

Le plus important est le rituel du sacrifice, le Yasna, auquel il faut joindre le Vispered, qui en est une sorte d’abrégé. Dans ce rituel, chaque acte sacré, chaque mouvement du prêtre, chaque nouveau moment du sacrifice est accompagné de formules liturgiques ou d’invocations. Toute une série de recueils de prières, en l’honneur des diverses divinités, pour les jours, les mois, les fêtes des saisons, les Gâhs, les Sirozas, les Yashts, les Nyayshs, forment le complément du Yasna et viennent en éclairer, par momens, les obscurités. Ces prières n’ont pas toujours le même caractère. Tantôt ce sont de simples élévations ; tantôt, comme les Gâthas, comme certains Yashts, ce sont de grands morceaux poétiques qui revêtent la forme d’un dialogue entre le prêtre et le fidèle, ou bien entre Ahura-Mazda et son prophète Zarathushtra. Ces entretiens dialogues servent de prétexte à l’exposition des grandes légendes héroïques de la mythologie persane, ou bien de