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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/308

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ces dogmes du dualisme, de la vérité et de l’erreur, de l’immortalité, qui forment le fondement de la religion de Zoroastre.

« — J’ai une chose à te demander : dis-moi la vérité, Ahura !

« — Quelle est la première des choses dans le monde du bien ? Le bien qui comble les désirs de celui qui le poursuit ? . . . .

« — Qui fut le procréateur, le père premier de l’Asha ? Qui a frayé un chemin au soleil et aux étoiles ? Qui fait que la lune croît et décroît ? Voilà les choses et d’autres encore que je veux savoir, ô Mazda !

« — Qui a créé l’aspiration de la piété parfaite ? Qui a mis l’amour au cœur du père quand il obtient un fils ? — Avec les créatures, je veux énergiquement t’aider, ô Mazda ! ô bienfaisant Esprit, créateur de toutes choses.

« — Dis-moi par cinq fois ta doctrine, ô Mazda ! et les paroles que révèle dans ses entretiens Vohu-Manô ; et comment on sait parfaitement dans le monde ce qui est bien ; et comment mon âme pourra aller et trouver la joie dans les deux mondes ?

« — Dis-moi la Religion, qui est la plus excellente des choses, et qui, par la sainteté, fera prospérer les mondes qui la suivent…

« — Quand verrai-je l’heure, ô Mazda ! où sera accomplie ton œuvre, où les hommes rechercheront ma parole, où je serai maître de Haurvatât et Ameretât, récompense de la sainteté promise par ta loi ? »

Et le prophète, après avoir reçu la révélation d’Ahura, la transmet au monde dans une proclamation, éclatante comme la trompette et douce comme une parole de bonne nouvelle, que terminent l’éloge des vertus zoroasiriennes et l’hymne universel qui, à l’heure de la défaite finale du démon, s’élèvera du monde vers Ahura.

On sent, dans ces développemens, certaines correspondances avec le Vendidad ; mais elles viennent de ce que les deux livres se répondent l’un à l’autre, comme certains psaumes liturgiques devaient répondre à la lecture des paraschas du Deutéronome et comme la prière du fidèle répond à la parole du prêtre.

Une des plus grandes difficultés que présente l’interprétation de l’Avesta, principalement du Yasna, vient de ce que le détail des actes sacrés qu’accompagnait cette liturgie nous est inconnu. Renouvelant le procédé qui avait si bien réussi à Anquetil-Duperron, M. Darmesteter n’a pas craint d’aller chercher les renseignemens qui nous faisaient défaut jusque chez les Parsis de l’Inde, parmi lesquels vit encore la religion de Zoroastre. Il ne faut pas songer à demander aux prêtres l’explication des obscurités de l’Avesta. L’intelligence exacte de ces vieux textes s’est perdue chez les Parsis, qui les récitent machinalement, comme certains membres du bas clergé