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trône. Au-dessus du feu, suspendu au dôme, un vase de métal forme sa couronne. C’est là que, cinq fois par jour, un mobed entre pour accomplir le sacrifice. Il a la partie inférieure du visage couverte d’un voile qui empêche son haleine de souiller le feu sacré, et des gants aux mains. Le sacrifice toutefois ne s’accomplit pas sur le feu sacré, mais sur un autre brasier, placé à côté, qui en est le représentant, non l’égal, et qui est allumé exprès pour la cérémonie et entretenu avec du bois de santal.

Le centre du culte est le sacrifice de Haoma, sorte de gui sacré, doué de vertus mystiques, comme son frère le Soma de la religion védique. Le Haoma terrestre est le représentant d’un Haoma céleste, qui donne l’immortalité. Tous deux se confondent, dans les invocations des prêtres, et se personnifient en un être idéalement beau :

— À l’heure où préside Hâvani, Haoma s’en vint auprès de Zarathushtra qui était à laver l’autel de feu et à chanter les Gâthas.

Zarathushtra lui demanda :

— Qui es-tu, ô homme ? toi qui, de tout le monde des corps, es la plus belle créature que j’aie jamais vue, avec ton bel être d’immortel ?

Et le saint Haoma, qui éloigne la mort, répondit :

— Je suis, ô Zarathushtra, le saint Haoma qui éloigne la mort. Prends-moi, ô Spitâma ; prépare-moi pour me boire ; chante en mon honneur des chants de louange que chanteront les Saoshyants de l’avenir.

Et Zarathushtra dit : « Prière à Haoma ! »

Le but de toutes ces cérémonies est la consommation du Parâhôm, liqueur enivrante que les prêtres fabriquent en pilant le Haoma et l’Urvarâm, et en les mêlant avec le lait consacré et le zôhr, l’eau bénite. Le Parâhôm concentre ainsi en lui toutes les vertus des eaux, des plantes et de la vie animale. Le prêtre, avec un rituel où chaque geste, chaque mouvement est strictement déterminé, prend les différens élémens du sacrifice, les apprête, les broie ensemble et boit le breuvage sacré. Il termine cet acte saint en avalant le darân, petit pain rond, sans levain, dont la forme et les dimensions rappellent assez une hostie.

Après avoir consommé l’eau et le pain, le prêtre asperge du liquide sacré le Barsom, symbole de la nature végétale, et en verse le reste dans le puits qui est toujours attenant au temple, faisant ainsi participer la nature extérieure tout entière aux vertus du sacrifice.

Chacun des actes de ce sacrifice est préparé par des invocations à toutes les divinités, et scandé en quelque sorte par une série de