pandu à cette époque. Ce n’est pas le seul d’ailleurs ; car nous possédons toute une littérature analogue, à l’usage des industriels d’alors, sous les titres suivans : Cahier de divers arts, par le moine Théophile ; les Couleurs et les arts des Romains, par Eraclius ; le Livre des divers arts, ouvrage existant à la bibliothèque de l’École de médecine de Montpellier, divers opuscules publiés par Mrs Merrifield, dans son ouvrage sur la « pratique des peintres anciens. »
La suite de ces traités continue, dans le cours des âges, par une filiation non interrompue jusqu’aux manuels Roret de notre temps. La Clé de la peinture est le plus ancien de ces ouvrages et le plus intéressant. C’est une collection de formules, de date inégale et d’origine différente. Le titre même sous lequel elles sont rassemblées est un titre de fantaisie, ajouté probablement à une basse époque, et qui ne répond qu’à une fraction minime de l’ouvrage. Celui-ci nous est venu par deux manuscrits, l’un du xe siècle découvert à Schlestadt par M. Giry, et l’autre du xiie siècle. Le dernier a servi de base à une publication faite sans commentaires, dans le recueil anglais intitulé Archœologia. Le plus ancien manuscrit ne contient aucune trace d’influence arabe ; celle-ci se manifeste au contraire par l’intercalation d’un groupe de recettes dans le plus moderne. Bornons-nous donc au plus ancien. Les formules qui y sont transcrites résultent de l’assemblage de deux traités mis bout à bout : l’un est le même que les Compositiones déjà citées ; tandis que l’autre est beaucoup plus intéressant, car c’est un véritable traité méthodique sur les métaux, qui paraît traduit en grande partie de quelque auteur grec aujourd’hui perdu, peut-être de celui qui aurait servi également de base au manuel byzantin relaté plus haut.
Ce traité débute par des articles relatifs à l’or et à l’argent, aux alliages destinés à les imiter et aux procédés pour écrire en lettres d’or et en lettres d’argent. On y trouve de véritables formules de transmutation, identiques avec celles des alchimistes grecs, et fondées également sur l’emploi des composés arsenicaux. Ce qui augmente l’intérêt des recettes latines, c’est qu’elles sont traduites littéralement des recettes des alchimistes grecs. Quelques-unes se lisent en effet dans la Chimie du pseudo Moïse, que j’ai publiée pour la première fois il y a cinq ans ; d’autres sont tirées du papyrus de Leyde, retrouvé dans un tombeau de Thèbes en Égypte, au commencement de ce siècle. On ne saurait admettre la connaissance directe de ce papyrus par l’auteur primitif du traité latin ; mais sans aucun doute il a eu entre ses mains un groupe de prescriptions d’orfèvres antiques, consignées dans des registres qui ont été traduits du grec en latin, probablement vers les derniers temps de l’empire