La rente 3 pour 100 était à 99.20 environ à la fin d’août et s’est élevée, dans les deux premières semaines de septembre, à 99.50. Ce prix comprend, il est vrai, le montant du coupon trimestriel à détacher le 16 courant. Le public financier n’a conçu aucune émotion de la présence du prince royal d’Italie aux fêtes impériales de Metz ; la rente italienne a seule souffert de cet incident. Elle n’a pu se relever de la dépréciation violente qui l’avait frappée le mois dernier. À l’approche de la liquidation de quinzaine, elle parvenait difficilement à dépasser le cours de 84 francs.
L’annonce officielle de la visite de l’escadre russe à Toulon le 13 octobre prochain a produit en France plus d’allégresse que la provocation italo-allemande n’avait causé d’amertume. Au point de vue boursier, la manifestation a été caractéristique ; les fonds russes, déjà cotés à un si haut prix, ont encore monté. Le 4 pour 100 consolidé or a été porté à 100 francs et s’y maintient ; le 3 pour 100, émis en 1891, a franchi la barrière de 80 devant laquelle il avait été si longtemps arrêté, et vaut maintenant 81.75. Depuis quelque temps, on savait que le ministre des finances de Russie préparait avec des maisons de banque de Paris la conversion du seul emprunt 6 pour 100 qui figurât encore sur la liste des titres représentatifs de la dette, le 6 pour 100 or de 1883. Cette opération a été décidée et la conversion a lieu du 13 septembre au 9 octobre. Il s’agit de 50 millions de roubles ou 200 millions de francs, divisés en obligations de 500 francs, rapportant 30 francs. Le gouvernement russe s’était engagé à ne pas rembourser cet emprunt avant dix années et le délai expirait le 13 décembre prochain. Il est offert aux porteurs d’obligations 6 pour 100, s’ils acceptent la conversion, un titre nouveau de 500 francs, rapportant 20 francs, pour chaque titre ancien rapportant 30 francs, plus une soulte en espèces de 39 fr. 50. Les obligations non présentées à la conversion seront simplement remboursées à l’échéance du 13 décembre prochain.
La crise américaine est en pleine décroissance, bien que le sénat de Washington fasse encore attendre sa décision à propos de l’abrogation de la loi Sherman. La circulation monétaire est devenue plus aisée ; la plupart des banques et des usines qui avaient dû suspendre leur activité ont réouvert leurs guichets ou repris le travail. Plus de 30 millions de dollars en or expédiés d’Europe en quelques semaines ont dissipé les frayeurs dont les financiers des États de l’Est ont été un instant saisis, voyant se dresser le spectre de la prime sur l’or et de l’étalon d’argent.
Les envois d’or au Nouveau-Monde s’étant ralentis, la situation de la Banque d’Angleterre est rapidement redevenue très forte et c’est par un excès de prudence que ses directeurs n’ont pas abaissé, dès le jeudi 7 septembre, de 5 à 4 pour 100 le taux de l’escompte.