Les duels étant abolis, son sang sera épargné et le roi soulagé d’une grande charge de conscience. Enfin le peuple sera délivré des oppressions qu’il souffre par la corruption de quelques officiers, préservé des outrages qu’il reçoit de plus puissans que lui et soulagé en ses impôts à mesure que les nécessités de l’État le pourront permettre. En un mot, toute la France sera remise au meilleur état où nos vœux la puissent porter, et ce qui est à noter, avec tant de facilité que je puis dire sa réformation tant aisée qu’elle est juste, nécessaire et pleine de gloire pour Votre Majesté. »
Quel était donc le secret de ce jeune homme éloquent qui considérait comme « aisée » une tâche dont les autres ne voyaient que l’étendue et les difficultés ? Marie de Médicis écoutait. L’évêque se tourne alors vers elle et lui adresse directement la parole : « Toute la France se reconnaît, madame, obligée à vous départir tous les honneurs qui s’accordaient anciennement aux conservateurs de la paix, du repos et de la tranquillité publique ! » Il loue sa conduite passée, approuve les mariages d’Espagne, puis, plus pressant encore : « Vous avez beaucoup fait, madame, mais il n’en faut pas demeurer là : en la voie de l’honneur et de la gloire, ne s’avancer et ne s’élever pas, c’est reculer et déchoir. Que si, après tant d’heureux succès, vous daigniez encore vous employer courageusement à ce que ce royaume recueille les fruits qu’il se promet et qu’il doit recevoir de cette assemblée, vous étendrez jusqu’à l’infini les obligations qu’il vous a, attirerez mille bénédictions sur le roi, pour vous avoir commis la conduite de ses affaires, sur vous, pour vous en être si dignement acquittée, sur nous, pour la supplication très humble et très ardente que nous faisons à Sa Majesté de vous continuer cette administration. »
Ainsi, quoique le roi soit majeur, c’est à la reine qu’on s’adresse, c’est à elle qu’on voudrait confier, pour des années encore, les intérêts et l’honneur du pays ; c’est d’elle enfin que l’on implore cette attention, ce sourire, cette faveur qui ouvriront l’accès des grands emplois et donneront l’essor aux grandes ambitions.
Toute la fin du discours avait été « écoutée avec une extrême attention ; » elle fut accueillie « avec un public et général applaudissement, » et l’évêque de Luçon regagna sa place « grandement loué par tous ceux qui l’avaient ouy. »
Ce fut ensuite le tour du baron de Sénecé qui parla, au nom de la noblesse, un quart d’heure seulement, en soldat. Puis, on entendit le président Miron. À genoux sur un carreau de velours placé devant le roi, il fit un exposé abondant des misères du peuple et dit des paroles hardies. Mais choisi, lui aussi, par la reine, il conclut par une profession de foi entièrement royaliste : « Qui