112 livres ; les 70 livres ; les 10 discours ; les 20 ouvrages ; les 17, les 30, etc., comprenant l’ensemble des sciences. La plupart de ces ouvrages sont de simples opuscules ou mémoires. Geber y reste d’ordinaire dans le domaine des déclamations vagues et charlatanesques. Il recommande le secret et renouvelle sans cesse sa profession de bon musulman, comme s’il craignait qu’on en suspectât la sincérité. Le passage suivant donnera une idée de sa méthode d’exposition :
« Au nom du Dieu clément et miséricordieux ! Djaber-ben-Hayyan s’exprime en ces termes : — Mon maître (que Dieu soit satisfait de lui !) m’appela : ô Djaber ! — Maître, lui répondis-je ; me voici à vos ordres. — Parmi tous les livres que tu as composés et dans lesquels tu as traité de l’œuvre,.. il en est qui ont la forme allégorique et dont le sens apparent n’offre aucune réalité. D’autres ont la forme de traités pour la guérison des maladies et ne sauraient être compris que par un savant habile. Quelques-uns sont rédigés sous forme de traités astronomiques… Il en est qui ont la forme de traités de littérature, où les mots sont employés tantôt avec leur sens véritable, tantôt avec un sens figuré ; or, la science qui donne l’intelligence de ces mots a disparu et les initiés n’existent plus. Personne après toi ne pourra donc plus en saisir le sens exact… Enfin, tu as composé de nombreux ouvrages sur les minéraux et les drogues, et ces livres ont troublé l’esprit des chercheurs, qui ont consumé leurs biens, sont devenus pauvres et ont été poussés par le besoin à frapper des monnaies de faux poids, ou à fabriquer des pièces fausses. Cette pauvreté et cette détresse les ont encore amenés à employer la ruse vis-à-vis des gens riches, et la faute en est à toi et à ce que tu as écrit dans tes ouvrages… »
Cependant, au milieu de ces développemens prolixes et sans précision, on peut démêler certaines idées philosophiques, de source hellénique, pour la plupart. Toutes choses résultent de la combinaison des quatre élémens : le feu, l’air, l’eau et la terre, et des quatre qualités : le chaud et le froid, le sec et l’humide. Quand il y a équilibre entre leurs natures, les choses deviennent inaltérables ; elles subsistent alors en dépit du temps et résistent à l’action de l’eau et du feu ; ainsi fait l’or naturel. Tel est encore le principe de l’art médical, appliqué à la guérison des maladies. On retrouve dans Geber l’assimilation des métaux aux êtres vivans, en tant que constitués par l’association d’un corps et d’une âme, théorie empruntée aux alchimistes alexandrins et conforme aux théories aristotéliques sur la forme et la matière. Mais on y rencontre aussi des notions nouvelles, comme la doctrine des qualités occultes des êtres, opposées à leurs qualités apparentes ;