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REVUE LITTERAIRE

ENCORE VICTOR HUGO

Victor Hugo, le poète, par M. Ch. Renouvier, 1 vol. in-18. Paris, 1893 ; Armand Collin - Victor Hugo, par M. Léopold Mabilleau, dans la collection des Grands Ecrivains français, 1 vol in-18. Paris, 1893 ; Hachette.


Faut-il nous excuser d’en reparler encore[1] ? Non, sans doute, — s’il vit toujours ; s’il y en a donc toujours des choses nouvelles à dire ; et puis, et surtout si la vérité littéraire ne s’atteint pas du premier coup, mais par une série d’approximations successives, et de variations au besoin. C’est ce qu’on ne saurait trop répéter. On s’est beaucoup moqué de l’ancienne critique, avec ses « modèles » et ses « règles » ; et on a eu raison de s’en moquer. Mais ce qu’il y avait de plus ridicule ou de plus amusant dans ses prétentions, si c’était celle d’immobiliser l’opinion, sommes-nous moins amusans, et prêtons-nous beaucoup moins à rire quand nous nous immobilisons nous-mêmes dans nos opinions personnelles, devenues pour nous des espèces d’idoles, ou des temples, plutôt, dont nous sommes le Bouddha ? Nos anciens étaient plus pédans, mais nous sommes plus impertinens ; et l’éternelle paresse est la même des deux parts.

L’œuvre de la critique demande plus d’ouverture et de largeur d’esprit,

  1. Voyez : le Théâtre de M. Auguste Vacquerie, dans la Revue du 15 juillet 1879 ; les commencemens d’un grand poète, dans la Revue du 1er mai 1883 ; le Théâtre en liberté, dans la Revue du 1er mai 1886 ; les Métaphores de Victor Hugo, dans la Revue du 1er février 1888 ; Victor Hugo depuis 1830 dans la Revue du 1er octobre 1891 ; et dans la Revue politique et littéraire du 4 mars et du 13 mai 1893, la Première et la Seconde Manière de Victor Hugo.