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favorable aux sylphes, aux vers gris (chenille de la noctuelle) ; les betteraves, affaiblies par les mauvaises conditions atmosphériques, se sont mal défendues. On estime, dans l’Aisne, que la récolte sera réduite d’un tiers ou même de moitié. Or, la culture de la betterave entraîne de grands frais, des fumures copieuses, des binages répétés, que la vente aura peine à couvrir. Cet échec est d’autant plus regrettable que les pulpes, les résidus de la racine épuisés-de sucre dans les usines, retournent aux fermes où, pendant tout l’hiver et la plus grande partie du printemps, elles forment la base de l’alimentation du bétail ; la quantité de pulpe disponible dépend naturellement de l’abondance de la récolte de betteraves, et partout où cette récolte a manqué, la rareté des pulpes aggrave la-disette des fourrages. Sur quelques points, à Grignon par exemple, la pluie très abondante de juillet et le soleil éclatant d’août ont exercé des actions favorables, nos racines sont excellentes, mais je crains que ce ne soit là une exception.

En général, les betteraves fourragères destinées au bétail n’ont pas mieux réussi que les betteraves à sucre ; quand la levée n’est pas régulière, que quelques racines apparaissent seulement, çà et là, au milieu de grands espaces vides, la qualité fait défaut aussi bien que la quantité. Ces racines isolées deviennent énormes, elles pèsent plusieurs kilos ; mais elles sont très aqueuses, renferment 85 à 88 centièmes d’humidité, peu de sucre, et très souvent changées de nitrates, elles occasionnent de graves accidens aux animaux qui les consomment.


III

Ce n’est pas seulement au moment de la germination que l’humidité est nécessaire à la vie végétale ; pendant toute la durée de son existence, la plante consomme des quantités d’eau formidables. Si elles manquent dans le sol, si la racine ne peut les y trouver, la plante languit, se dessèche et meurt.

Les physiologistes ont reconnu depuis longtemps que les végétaux sont des appareils d’évaporation d’une rare puissance ; en Angleterre, Woodward a commencé dès le XVIIe siècle les études sur la transpiration végétale. Les expériences de Hales que Buffon nous a fait connaître dans sa traduction de la statique des végétaux datent du XVIIIe siècle ; enfin un naturaliste français, Guettard, a imaginé, il y a cent cinquante ans, une méthode que j’ai employée depuis et qui a l’avantage de permettre de recueillir, de peser l’eau transpirée par les feuilles.

Ces expériences sont faciles à répéter : on choisit dans un champ