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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/116

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7 de chaussures, 9 de charbon, possède aussi 28 boucheries ; qu’elle a un abattoir où elle tue dans l’année environ 2 300 bœufs, 400 veaux, 5 000 moutons, 900 porcs. Ces chiffres s’appliqueraient à l’année 1890.

On pourrait rattacher aux sociétés coopératives de consommation les syndicats agricoles, qui foisonnent en France depuis quelques années et qui approvisionnent un nombre croissant de cultivateurs d’engrais, d’instrumens de travail et de matières diverses nécessaires à la culture. Nous parlerons ultérieurement de ces associations. Elles se rapprochent plutôt jusqu’ici des associations que fonda Schulze Delitzsch vers 1850 pour l’achat en commun des matières premières dont les petits artisans avaient besoin. Quelques-unes encore essaient de devenir des sociétés de crédit rural. Il serait possible aussi que ces syndicats ou des associations constituées sous leur direction et avec leur appui prissent une place de quelque importance dans le commerce de certaines denrées que les petits trafiquans au détail sont trop portés à falsifier : le vin par exemple, le fait, le beurre. En assurant la pureté de ces produits, ces associations rendraient service à la fois aux producteurs et aux consommateurs.

Le rôle de la société de consommation ne doit donc pas être considéré comme épuisé. Il est possible et utile que son domaine s’étende et se diversifie dans un temps prochain, avec l’aide notamment des syndicats agricoles.

L’association coopérative de consommation, toutefois, quelque avenir qu’il convienne de désirer et d’espérer pour elle, ne paraît pas appelée à éliminer le commerce ordinaire, soit individuel, soit par collectivités recherchant surtout le profit, apportant dans cette recherche non seulement un sentiment général d’équité, mais aussi l’application des principes commerciaux modernes et perfectionnés ; l’un de ceux-ci consiste à se faire la plus grande clientèle possible en ne trompant pas sur la qualité de la marchandise vendue et en se contentant d’un léger bénéfice sur chaque unité.

La disparition de ce commerce individuel ou du moins de ce commerce privé qui poursuit le gain avec honnêteté et intelligence, qui s’ingénie à prévoir les goûts des consommateurs, à prévenir leurs désirs plutôt que d’attendre leurs ordres, serait un vrai malheur pour l’humanité, une cause de décadence de l’activité humaine.

Les sociétés coopératives représentent surtout le commerce passif en quelque sorte ; celui qui se contente de distribuer aux consommateurs les objets connus pour être à leur convenance. On ne peut guère attendre de ces associations qu’elles aient de