contribuer encore à la construction de ceux-ci. Il n’est toutefois pas impossible que, sous la pression des influences parlementaires, le gouvernement du roi Léopold II se croie un jour obligé de se faire ainsi concurrence à lui-même.
Il y a aussi une question de Bruges port de mer, car la vieille ville monastique a des velléités de redevenir une puissante cité commerciale, comme au beau temps de la lutte contre la maison d’Autriche. Quelques kilomètres de canal à travers des plaines basses et sablonneuses lui suffiraient pour cela. Sa prétention à la résurrection est d’autant plus intéressante qu’un canal maritime comporte un port d’accès, et celui-ci serait peut-être avant tout un port de refuge, asile nécessaire et depuis longtemps désiré sur cette longue côte semée de bancs et de hauts-fonds, où, de Dunkerque à l’Escaut, les navires chassés par la tempête ne peuvent trouver d’abri.
Par sa forme même de péninsule allongée, l’Italie était prédestinée aux entreprises des perceurs d’isthmes. Certain ministre, grand stratège à son heure, a eu, dit-on, la velléité d’unir la Spezzia à Venise, — et, qui sait ? peut-être à Fiume, — au moyen d’un canal large et profond. La longueur n’eût pas été moindre de 270 à 280 kilomètres, et porter une flotte sur le Massa Carrara peut passer pour une tentative au moins audacieuse. On semble y avoir renoncé. On est descendu plus au sud ; à vol d’oiseau la distance d’un rivage à l’autre est moindre. De Montalto di Castro sur la mer Tyrrhénienne, on irait à Fano sur la rive Adriatique. Mais là aussi l’Apennin est récalcitrant : le sommet du Catria est à 1669 mètres d’altitude ; puis la distance encore est longue, guère moins de 200 kilomètres, et surtout le devis s’élève à 650 millions de francs, — sans tenir compte du change. L’intérêt commercial, d’ailleurs, est plus que médiocre. On n’y gagnerait rien. On voudrait bien cependant montrer au puissant allié, qu’au sud de la Triplice on peut tout aussi bien qu’au nord faire un canal stratégique. Mais le mal d’argent force à rester sage. Béni soit-il !
C’est à d’autres points de vue qu’on envisage la question des canaux maritimes dans l’Empire russe.
Il s’en faut de peu aujourd’hui que Pétersbourg port de mer ne soit une réalité, et dans les conditions où elle se produit, c’est une œuvre parfaitement raisonnable. On parle aussi fort souvent en Russie d’une jonction de la mer Blanche avec le golfe de Finlande. Cette voie semble dessinée à l’avance par la nature, au moyen de cette sorte de chapelet de lacs qui se succèdent depuis la Neva jusqu’à l’embouchure glacée de la Wyg. La distance est de 280 kilomètres environ, et la rigueur du climat hyperboréen y rendrait sans doute le canal plus ordinairement accessible aux