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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/471

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droit divin entendaient, que dans les rois et dans toutes les autorités humaines, et les relations que les hommes créés par Dieu peuvent former les uns avec les autres, il y a là véritablement ou bien un droit divin, ou autrement un tort diabolique ; l’un des deux ! » Où est le tort ? où est le droit ? Qui les fixera tous deux ? Qui donc aura la force, et d’où lui viendra-t-elle, de proclamer et de garantir l’un, de dénoncer l’autre et de le punir ? La question est celle que se pose aujourd’hui un prince Hermann, et avec lui d’autres princes encore, les princes des prêtres eux-mêmes, sans compter les docteurs de la loi. Il n’en est pas de plus grave ni de plus pressante.

« Il ne peut faire de mal à aucun de nous, ajoute enfin le grand penseur anglais, de réfléchir sur tout cela. » Certes, et le mérite, la beauté même de quelques passages des Rois est justement de nous induire en de telles réflexions. À qui a lu le roman ils rendent le souvenir, à qui ne l’a pas lu, ils donnent le soupçon de problèmes très hauts, très grands et très tristes. On s’est plaint que M. Jules Lemaître ne les eût pas résolus : louons-le plutôt de les avoir posés, d’en avoir connu la profonde inquiétude et le noble tourment.

Les Rois sont très bien joués par MM. de Max (Christian XVI), Noël (le garde-chasse) et Mlle Luce Colas (Kate). Et Mme Sarah Bernhardt à deux ou trois reprises a réveillé en nous l’admiration qu’elle nous inspirait autrefois.


CAMILLE BELLAIGUE.