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Dans les quinze années suivantes, le progrès a continué, plus lentement toutefois. Depuis quatre ou cinq ans il s’est arrêté, et il y a même un recul. Au 31 mars 1892, on comptait 1044 associations de crédit appartenant à l’Union de Schulze-Delitzsch, lesquelles se répartissaient en 33 sous-unions provinciales ; on y pouvait joindre 354 sociétés d’achat de matières premières, 55 associations diverses et 17 sociétés de banque ayant des statuts un peu différens, tout en se rattachant à l’inspiration de Schulze. Les 1076 associations ayant envoyé des comptes, à savoir les 1044 sociétés de crédit de Schulze-Delitzsch, plus quelques autres s’en rapprochant, comprenaient en tout 514524 membres, soit une moyenne de 478 par société. L’ensemble du capital versé montait à 114484000 marks, environ 142 millions de francs ; la réserve accumulée atteignait 29474000 marks, soit 30 millions et demi de francs, ensemble pour le capital propre des banques 144 millions de marks en chiffres ronds ou 178 millions de francs. À ce premier fonds dont elles étaient les propriétaires, ces associations joignaient la disposition de 439 millions de marks de capital emprunté, près de 550 millions de francs ; elles opéraient ainsi avec un ensemble de ressources atteignant 728 millions de francs. Le total des opérations de ces sociétés montait à 2612 millions de marks, soit 3 milliards 260 millions de francs en chiffres ronds. Les frais généraux atteignaient 6250000 marks (7700000 francs) ; les pertes, — car il s’en rencontrait, — I 237000 marks (1 540000 francs) ; les bénéfices nets 8840000 marks (11 millions de francs), dont 6402000 marks (8 millions de francs) furent distribués en dividendes, 1987000 marks (2480000 francs) mis à la réserve et le reste reporté à nouveau. Les dividendes moyens représentaient 5,34 pour 100 ; ils variaient de néant à 30 pour 100 pour une association ; l’année précédente, une société avait même distribué 56 2/3 pour 100. Les associations avaient employé la somme assez faible de 53065 marks (66000 francs) aux objets d’éducation[1].

Ces chiffres, en ce qui concerne le nombre des membres, indiqueraient un recul considérable par rapport aux évaluations de M. Rampal pour 1872. Mais il est probable que les calculs de ce disciple enthousiaste étaient exagérés : d’autre part, ils s’appliquaient, par voie de conjecture, à l’ensemble des banques populaires de Schulze, tandis que les chiffres donnés plus haut concernent seulement celles de ces banques qui ont communiqué leur bilan, les plus importantes à coup sûr.

  1. Henry W. Wolff, People’s Banks, page 64, London, 1893. Il ne s’agit dans le texte que des banques populaires qui ont fourni leurs comptes rendus ; ce n’est guère que le quart de celles qui existent. On estime, en effet, à 4 791 le nombre total de ces banques ; mais celles qui ne communiquent pas leurs opérations sont évidemment bien moins importantes que celles qui les font connaître.