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n’aurait jamais formé aucune association) seront en majorité. » Toutes les fonctions sont gratuites : il n’y a ni traitemens, ni commissions. Un seul employé est payé, le caissier. L’Office central des banques Raiffeisen entretient un corps d’inspecteurs ou vérificateurs qui vont d’une banque à l’autre pour contrôler les livres, de façon que ce contrôle s’effectue pour chacune au moins une fois tous les deux ans. Les opérations de banque, dans le sens ordinaire du mot, sont strictement interdites ; les associations doivent se borner aux prêts. Il n’y a ni lettres de change, ni hypothèques, ni gages ; le crédit est strictement personnel, grâce à la solidarité des membres composant le groupe. Suivant le plan primitif du fondateur, il ne devait y avoir aucune action, aucune cotisation d’entrée. Le gouvernement impérial obligea les banques à avoir des actions ; mais on les fit aussi réduites que possible, généralement de 10 à 12 marks (12 fr. 50 a 15 fr.), payables en plusieurs fois. Raiffeisen voulait qu’il n’y eût pas de dividendes, parce qu’il ne devait pas y avoir de profit direct, l’avantage pour les membres consistant dans la faculté d’emprunter à bon compte. Pour se conformer à la loi, il a fallu admettre des dividendes ; mais on les a réduits à 00 centimes par tête, lesquels sont employés à un abonnement au Bulletin officiel des associations.

Tous les bénéfices doivent aller au fonds de réserve : le premier objet de ce dernier est de faire face aux pertes qui, avec le système de très grand discernement dans les prêts et d’étroite surveillance, sont assez rares ; le second objet est de servir à de nouveaux prêts et d’abaisser ainsi leur taux ; le troisième enfin, quand la réserve devient surabondante, est de contribuer à quelque travail d’utilité commune pour le district. Même au cas où l’association viendrait à se dissoudre, le fonds de réserve ne devrait pas être partagé : il devrait être confié à quelque institution publique pour être conservé jusqu’au moment où quelques associations de même nature viendraient à se former, de façon à leur servir de dotation. Seulement, en l’absence prolongée de pareilles créations, ce fonds, après un délai d’attente raisonnable, pourrait être affecté à quelque ; œuvre d’utilité publique locale. On verra, cependant, que ces règles ont été enfreintes au moins pour la banque la plus ancienne.

Les prêts ne doivent être consentis qu’avec la plus grande circonspection, sur le double examen du caractère de l’emprunteur et de l’emploi qu’il veut faire de la somme demandée. C’est pour que ces prescriptions soient sérieusement appliquées que chaque banque Raiffeisen n’embrasse qu’un petit district. Tous les trois mois le conseil de surveillance révise la situation du débiteur et des garanties qu’il offre : s’il paraît avoir mal usé du prêt, on lui en