considérable. Non seulement elle est en progrès et a de la tendance à se propager et à s’acclimater sur les côtes de la région chaude de l’Amérique où autrefois elle ne faisait que de rares et courtes apparitions, mais elle ne limite plus comme auparavant ses ravages à la zone mari lime et peut pénétrer très loin à l’intérieur des terres.
Cette extension considérable du domaine de la fièvre jaune coïncidant avec l’extension et la rapidité des relations commerciales est une menace incessante pour l’Europe et exige de sérieuses précautions. Toutefois, parmi les contrées envahies, toutes n’offrent pas pour nous le même péril. Il est inutile de rappeler que les saisons jouent un rôle important dans l’apparition de la fièvre jaune et dans le danger de son importation. Le froid fait cesser les épidémies. Or les hivers et les étés dans l’hémisphère austral de l’Amérique sont opposés aux nôtres. Au Brésil et à la Plata la fièvre jaune se montre donc vers la fin de l’année et se prolonge jusqu’au mois de juin. C’est l’époque où, pour nous, l’importation de la maladie est le moins à redouter. Au contraire, les influences saisonnières se manifestent à une époque opposée pour la partie de l’hémisphère nord située au de la de la zone torride. Aussi avons-nous beaucoup plus à craindre à ce point de vue les provenances du golfe du Mexique, de Cuba et de la côte atlantique des États-Unis.
Heureusement nous n’avons plus en Europe de grandes épidémies depuis 1857, bien que la fièvre jaune se soit montrée à Saint-Nazaire en 1861 et à Barcelone en 1870.
En Europe, le pays qui a été le plus éprouvé par la fièvre jaune est l’Espagne. Quelques-unes de ses villes ont perdu dans certaines épidémies le cinquième de leur population. En 1800 et en 1801, l’importation de la maladie à Cadix a causé 279.560 cas et 79500 décès. En 1803, à Malaga, sur une population de 48000 habitans, il y en a eu 26000 cas et 6884 décès. L’année suivante, à Malaga, 18000 cas, et 7000 décès. En 1821, à Barcelone, 70000 cas et 20000 décès. Cette épidémie » meurtrière de Barcelone produisit en France une émotion considérable et eut pour résultat le vote de la loi du 3 mars 1822.
Les affections dont nous nous sommes occupé jusqu’ici ne nous ont pas permis de démontrer d’une façon précise le rôle des transformations des voies de communication dans les modifications des routes suivies par les épidémies ; mais cette influence