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de ces deux passes périlleuses ; il lui est bien difficile de les garder efficacement ; elle ne possède ni tout le matériel, ni tout le personnel indispensables, et les moyens de police maritime lui font défaut. Mais elle pourrait, avec l’aide des puissances intéressées, améliorer ses mesures et ses dispositifs de prophylaxie. On a déjà essayé d’obtenir un premier résultat pour la protection de la Mer-Rouge à la conférence de Venise. Une autre conférence qui doit se réunira Paris indiquera les mesures à établir au golfe Persique.


XI. — LE PÈLERINAGE DE LA MECQUE DE 1893.

La conférence de Venise régla la question des mesures sanitaires applicables aux navires provenant de l’Extrême-Orient et pénétrant dans la Méditerranée par la Mer-Rouge et le canal de Suez ; mais elle ne s’occupa qu’incidemment des moyens à prescrire à l’égard des pèlerins se rendant à la Mecque et des précautions à prendre contre leur retour. Aussi, sans vouloir tracer ici une histoire du pèlerinage de la Mecque, ce qui dépasserait beaucoup les limites de cet article, je dirai quelques mots de celui de 1893, qui était particulièrement sacré, les cérémonies commençant un vendredi, jour de fête des musulmans. Ce coup d’œil sur le dernier pèlerinage montrera le péril que court l’Europe chaque année et la nécessité de nouvelles mesures sanitaires.

On n’avait jamais eu au Hedjaz une semblable affluence de pèlerins. On a parlé de 260 000 à 280 000 ; 45 000 sont venus par le nord de la Mer-Rouge, à peu près autant par le sud. La statistique nous apprend en effet que le nombre de ceux qui sont débarqués à Djeddah s’est élevé à 92 625. C’est le chiffre de beaucoup le plus élevé qui ait été enregistré dans un espace de 25 ans (depuis 1868). Durant cette période, le plus grand nombre des pèlerins passés à Djeddah a été de 59 659 en 1880 ; le plus faible, 23 393 en 1868. Sur les 92 625 pèlerins passés à Djeddah en 1893, les Égyptiens figurent pour 16 325. Le reste est arrivé par caravanes de pays lointains ou voisins. Les conditions du voyage des pèlerins sont devenues de plus en plus faciles ; beaucoup n’ont payé pour aller au Hedjaz que 12 fr. 50, 5 fr. 20, et même 4 fr. 20 (demi-guinée, talaris ou medjidié).

D’Alexandrie, puis du Caire, les trains amenèrent avant le pèlerinage un nombre énorme de voyageurs à Suez. Les rues et les places furent bientôt encombrées de pèlerins et de bagages, tassés le long des murs, là où ils pouvaient trouver un filet d’ombre. Dans un règlement futur, il sera très utile ; de leur assigner un lieu de campement en dehors de la ville. Le même règlement