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cœur de cette histoire générale de l’art antique, puisqu’il n’est aucun peuple qui ait eu, au même degré que les Grecs, la passion de l’art et le sentiment du beau. On ne pourrait confier la tâche de nous décrire cette terre antique où les foules mettent continuellement au jour des trésors nouveaux, à un plus érudit archéologue, à un écrivain plus compétent, que M. Perrol, bien connu des lecteurs de la Revue. M. Perrot est retourné en Grèce il y a deux ans ; il a visité avec MM. Schliemann et Dœrpfeld ces sites de Troie, de Tirynthe, de Mycènes, où ont été faites des découvertes si surprenantes et dont les résultats sont exposés dans ce volume. Le texte est accompagné de nombreuses figures qui en sont le vivant commentaire. Les artistes qui ont prêté leur concours à l’œuvre ont reproduit de préférence les monumens qui n’avaient pas encore été publiés et ont multiplié pour l’architecture les vues perspectives qui donnent de l’édifice dans son ensemble et ses détails une idée bien plus nette et plus vive qu’un simple plan. Plus d’un explorateur leur a offert la primeur de ses découvertes et de ses dessins ; les conservateurs de tous les musées d’Europe ont autorisé et facilité toutes les reproductions qui leur ont été demandées, et les savans de tous les pays ont également apporté leur contribution à ce travail de reconstitution, qui restera l’un des monumens les plus complets de ce temps-ci.

Après avoir visité avec MM. Perrot et Chipiez l’Egypte, l’Assyrie, la Chaldée, la Phénicie, la Judée et la Perse dans le passé, on se trouve tout préparé à faire avec fruit dans le présent l’étude du monde oriental et de l’Extrême-Orient. C’est le journal du grand-duc héritier de Russie qui nous y ramène, écrit par un de ses compagnons de voyage qui a parcouru avec lui, de 1890 à 1891, l’Egypte et l’Inde. Le césarevitch a rapporté de son voyage les notes et les vues à l’aide desquelles a été composé le livre remarquable à tous égards que vient d’imprimer avec luxe la maison Delagrave[1]. On serait tenté de l’ouvrir comme on ouvre à cette époque de l’année un livre d’étrennes. Il en a toute la richesse, les admirables gravures, toutes d’un dessinateur russe de grand talent, M. N. Karazine, et l’impression irréprochable. Le panorama se déroule avec une variété de détails qui ne cessent de captiver l’attention, tandis que la personnalité du voyageur, l’héritier du plus vaste empire du continent, y apparaît juste assez pour donner encore plus de splendeur au tableau, qui se renouvelle sans cesse, des incidens et des merveilles.

C’est le récit de ce voyage aux extrémités du continent que nous a donné le compagnon du grand-duc héritier le prince Oukhtomsky. De Vladivostok, « la reine de l’Orient », le jeune prince est revenu vers l’Europe en poste, en troïka à trois chevaux attelés de

  1. Voyage en Orient de S. A. I. le Césarevitch, par le prince Oukhtomsky, traduit par M. Louis Léger, illustré de 170 compositions par M. N.-N. Karazine, 1 vol. in-4o ; Delagrave.