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INTRODUCTION
AUX
MÉMOIRES INÉDITS DE BARRAS


I. — HISTORIQUE DES MÉMOIRES. DISPOSITIONS PRISES PAR BARRAS DANS SON TESTAMENT RELATIVEMENT À SES MÉMOIRES.


Par testament olographe, daté de Paris le 30 avril 1827, enregistré le 2 février 1829, et déposé, suivant ordre du président du tribunal civil de la Seine, en l’étude de Me  Damaison, notaire à Paris, le 30 mars de la même année, Paul Barras, ancien membre du directoire, prenait la disposition suivante :

« Je donne et lègue à M. Rousselin de Saint-Albin une édition d’Anacharsis et mes cartes géographiques. De plus, je désire que mes papiers et Mémoires, déposés chez un de mes amis, lui soient remis, pour rédiger les Mémoires que le temps ne m’a pas permis de rédiger… »

Le matin du 29 janvier 1829, Barras sentant sa fin prochaine (il mourut en effet le même jour en son hôtel, 70, rue de Chaillot), appela auprès de lui son filleul, Paul Grand. « Craignant de voir l’autorité enlever ses papiers pour anéantir des vérités sans doute fâcheuses au gouvernement d’alors, et surtout une correspondance qui avait eu lieu entre lui et Louis XVIII, et surtout fondé dans ses craintes par un enlèvement récent des papiers de Cambacérès, Barras, peu d’instans avant sa mort, crut devoir prendre toutes les mesures pour empêcher cet enlèvement… Il fait part à Paul Grand de ses craintes, lui recommande de soustraire aux recherches de l’autorité ses papiers politiques[1]… »

  1. Extrait d’un mémoire présenté par M. Paul Grand à la première chambre du tribunal civil de première instance, le 25 février 1833.