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lepsie, la persistance à l’état de veille de phénomènes provoqués dans l’état hypnotique, les hallucinations visuelles provoquées. Son enseignement est rempli de faits montrant les applications que l’on peut faire de l’hypnotisme pour l’interprétation d’un grand nombre de symptômes de la série hystérique.

On peut encore citer de Charcot quelques travaux sur la pathologie mentale.

Du reste, si rien de ce qui touche la médecine ne le laissait indifférent, il ne négligeait pas non plus la littérature, ni les arts qui, sous diverses formes, venaient illustrer ses descriptions scientifiques. Il aimait à dessiner tout ce qui lui passait sous les yeux ; de ses voyages il rapportait des albums couverts de croquis, et sur la table du jury d’examen il laissait souvent des représentations des candidats qui ne manquaient pas d’allure. On retrouve la trace de son goût pour le dessin et pour la peinture, non seulement dans sa maison qu’il a décorée de peintures sur faïence et sur émail, mais aussi dans ses livres, qu’il a souvent ornés d’illustrations précieuses.

Il connaissait la plupart des musées de l’Europe et il en avait rapporté des documens dont il a tiré parti dans plusieurs travaux intéressans, sur une représentation d’après nature de la Danse de Saint-Guy de Breughel, sur une esquisse de Rubens représentant une démoniaque, sur quelques marbres antiques concernant les études anatomiques, avec Dechambre, et enfin pour les études en collaboration avec M. Paul Richer sur les démoniaques dans l’art et sur les difformes et les malades dans l’art.

À cette énumération des travaux personnels de Charcot, il faudrait ajouter bon nombre de travaux de ses élèves auxquels il fournissait sans compter non seulement les documens qu’il avait pu recueillir à l’hôpital ou dans la pratique privée, mais encore des notes bibliographiques, des extraits de traductions qu’il prenait le temps de faire pour eux. Ce n’est pas dire qu’il n’ait jamais tiré aucun profit de la collaboration de ses élèves ; mais dans ces travaux communs il avait toujours sa part et le plus souvent la meilleure. Du reste, on ne pourrait guère mieux caractériser les liens qui unissaient le maître et les disciples qu’en rappelant les paroles que lui adressait, lorsqu’il s’agissait de fêter son entrée à l’Institut, celui qu’il appelait lui-même le plus illustre de ses élèves, le professeur Bouchard : « Ce n’est pas le savant, l’inventeur, le critique, le professeur que nous venons fêter, nous sommes ici parce que vous avez été notre éducateur ; parce que vous êtes le maître et parce que nous sommes de votre école ; parce que votre doctrine nous a guidés, parce que votre méthode nous a servis ; parce que vous nous avez indiqué les points à élucider et tracé la