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XIIIe siècle dans toute sa fleur, on rencontre une maison louée 38 francs seulement en 1317. Sur la rive gauche, le collège du cardinal Lemoine, rue Saint-Victor, avait été acheté 17 000 francs (1302) ; une maison de la rue de la Grève était vendue 12 000 francs ; une autre rue Saint-Denis 7600 francs (1344). Ce devaient être là les demeures élégantes de la capitale de Philippe de Valois ou de Jean le Bon ; puisqu’un apothicaire devenait alors propriétaire de son logis, rue du Sablon, moyennant 1310 francs ; et qu’un pelletier faisait l’acquisition du sien pour 765 francs.

Beaucoup de petites maisons se vendaient moins cher que les grandes n’étaient louées annuellement : pour habiter la place de Grève avec quelque luxe (1338), il faut payer 780 francs, soit, au pouvoir actuel de l’argent, 2700 francs de loyer ; tandis que l’on pouvait, de 1320 à 1340, avoir pignon sur les rues Mauconseil et Merderel moyennant 400 francs ou même 200 francs une fois payés. En résumé la moyenne des loyers fut, de 1301 à 1350, de 240 francs environ ; celle de la valeur des immeubles de 2900 francs. C’était une hausse de 16 pour 100 sur la première moitié du XIIIe siècle.

Au contraire la période 1351-1400 accuse une baisse de plus de moitié. La moyenne du prix des maisons de Paris tomba de 2 900 à 1 360 francs. Cette moyenne se releva un peu dans la première partie du XVe siècle ; mais pour retomber dans les cinquante années suivantes à 823 francs (1451 à 1500), prix le plus bas auquel l’ensemble des immeubles parisiens soit descendu dans le cours de notre histoire. C’avait été aussi l’époque du plus grand avilissement de la propriété rurale. Le chiffre le plus haut que nous ayons recueilli pour la période 1351-1400 est celui de la maison d’un secrétaire du roi vendue 2300 francs ; le plus modeste vient d’une maison de la rue Notre-Dame, cédée pour 90 francs. La rue Saint-Antoine, une des voies les plus à la mode dans ce quartier, alors honoré de la présence des palais royaux et princiers des Tournelles et de Saint-Paul, la rue Saint-Antoine est bordée de maisons dont le prix ne dépasse pas 1600 francs et descend jusqu’à 800 francs (1388).

Les loyers sont à l’avenant ; un barbier paie 145 francs et un chapelier 111 francs, rue Notre-Dame, un gaînier 136 francs, rue Jean-Pain-Mollet ; rues de la Ferronnerie et des Marmousets, des maçons louent depuis 60 francs jusqu’à 18 ; un épicier ne doit que 55 francs rue du Sablon ; un savetier de la rue Saint-Landry est locataire d’un immeuble de 25 francs. Le poète Pétrarque, visitant notre capitale dans les dernières années du règne de Jean le Bon, était touché de la décadence où, dès cette époque, elle était entrée : « Je pouvais à peine reconnaître quelque chose de ce que