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de mots : presque tous ont fait consister l’art dans une suite de pratiques et d’usages. Ils se sont peu appliqués à expliquer les principes, à les rendre clairs et incontestables. J’ai donc cherché les principes indépendamment de la pratique, de cette méthode dans laquelle la mode influe toujours beaucoup. J’ai tâché de rassembler les bonnes lois de l’équitation, ces lois fondamentales si strictement observées dans les manèges royaux. Quelques années d’habitude m’ont appris à leur donner un ordre… »

Après de telles déclarations, on est en droit de se montrer sévère pour celui qui entreprenait de refaire l’œuvre de La Guérinière. Or, la Pratique de l’équitation ou l’art de l’équitation réduit en principes est un livre assez diffus où il y a bien moins d’ordre et de clarté que dans le Traité d’équitation du célèbre écuyer.

L’auteur commence par une grosse erreur en voulant que le tronc du cavalier soit supporté non seulement par les ischions, mais encore par le coccyx. Il parle longuement de la tenue, des effets des rênes et des jambes, discute, critique sans cesse les prescriptions de La Guérinière. Dès que le cheval trotte bien à la longe, on le monte en bridon, les rênes séparées, on le fait tourner à droite et à gauche, puis reculer quelques pas, mais en prenant patience s’il ne veut pas obéir. Quand il cède aux mouvemens des mains, on commence à se servir des jambes qui, d’après l’auteur, « ne doivent jamais travailler avant la main » ; on s’occupe aussitôt de rendre l’avant-main légère en asseyant le cheval sur les jambes de derrière, en marquant des demi-arrêts ou, au besoin, en le faisant reculer ; ensuite on fait quelques pas de côté ; mais ici, Dupaty blâme beaucoup l’épaule en dedans de La Guérinière ; il veut que l’on commence sur une ligne oblique, puis sur des cercles avec la croupe en dedans ; c’est seulement ensuite que viennent l’épaule en dedans, le travail de deux pistes sur des voltes et sur des voltes renversées, les pirouettes, changemens de main, arrêt et reculer ; enfin les courbettes. A la fin de son livre, il parle des allures ; il renvoie pour cela à La Guérinière qui, dit-il, a très bien traité cette question. En somme, l’ouvrage de Dupaty ne contient rien de saillant, ne réalise aucun progrès et inaugure les polémiques fatigantes qui vont bientôt s’élever entre tous les maîtres.

Si les principes de La Guérinière ne furent pas universellement et officiellement adoptés, ils restèrent cependant on honneur à l’Académie de Versailles, qui, tant qu’elle exista, fut reconnue pour la première du monde. Chaque écuyer voulut pourtant se distinguer par des procédés spéciaux ; dans chaque ouvrage nouveau l’auteur, non seulement exposa ses idées personnelles, mais