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Entourer le ministre de renseignemens sûrs ;

Permettre l’expédition rapide des affaires ;

Décharger le ministère de besognes qui ne lui conviennent pas.

Les moyens que nous suggérons ne sont pas sortis de notre cerveau. Ils sont empruntés à l’expérience de peuples à qui la colonisation a valu les plus éclatans succès, et accommodés à nos institutions et à nos besoins. Les gens à imagination auraient peut-être préféré quelque beau système logique ; les patriotes à outrance auraient peut-être souhaité autre chose qu’une imitation de l’étranger. Aux esprits réfléchis, il semblera d’une plus sage méthode scientifique de consulter les résultats de l’expérience, et d’un patriotisme plus haut de profiter des leçons mêmes de nos rivaux.

Ces leçons, d’ailleurs, prêtent à des interprétations diverses. Notre interprétation peut être discutée ; mais les réformes, des réformes profondes, ne peuvent pas être ajournées. Le pays, depuis vingt ans, s’impose de grands sacrifices pour la politique coloniale. Il attend avec une patience admirable l’heure de la moisson. Si cette moisson devait avorter ou être indéfiniment retardée, ses désillusions seraient terribles dans leurs conséquences. Il n’aurait plus foi dans ces Frances nouvelles, fondées avec l’espoir de rajeunir et de perpétuer la nation. Le domaine colonial, si chèrement acquis, le laisserait indifférent : il ne tenterait plus rien pour l’étendre, pour le féconder, peut-être même pour le garder.

Mais que demain, au contraire, le ministre décide d’entreprendre les réformes nécessaires ; qu’il les aborde avec le désir perspicace du bien et les applique avec un ferme vouloir, les colonies prospèrent, l’idée coloniale triomphe, et l’avenir est réservé.


JOSEPH CHAILLEY-BERT.