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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 122.djvu/955

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les maladies, les accidens, les risques de la vie ; il doit enfin répandre, autant qu’il dépend de lui, l’instruction et la morale, « de manière à fournir à chacun le moyen de mettre en œuvre les facultés naturelles qui lui ont été départies. » Mais à cela se réduit sa tâche : encore son action a-t-elle pour « limite nécessaire les facultés contributives du pays, qui, dans l’intérêt même du développement général, doivent être soigneusement ménagées. » « Demander davantage aux gouvernemens, conclut M. Dubost, promettre davantage en leur nom, c’est, gratuitement, leur attribuer un pouvoir qu’ils n’ont pas, c’est préparer d’amères déceptions qui peuvent être pour le pays l’occasion de désordres et de troubles aussi contraires au progrès et à l’amélioration de la situation de ceux qui soutirent, que dangereux pour la patrie elle-même. » Ce langage tranche heureusement avec celui que nous avions l’habitude d’entendre, et si le gouvernement avait toujours parlé ainsi, nous n’aurions pas vu se produire quelques-uns des désordres et des troubles qui ont attristé ces derniers mois. Il y a eu un désaccord évident entre ce qu’on a laissé ou même fait attendre et ce qu’on a pu réaliser. De là le trouble qui s’est produit dans un certain nombre d’esprits et les attentats qui en ont été la conséquence. Sommes-nous à la fin, ou près de la fin de la crise ? Nul ne peut le dire. Mais le gouvernement paraît résolu à défendre la société contre les actes criminels par une répression énergique, et contre les doctrines fausses par une contradiction sans complaisance : c’est là un esprit nouveau.

Si nous rappelons ce mot, c’est qu’il a fait fortune : il alimente les conversations, et on ne peut pas ouvrir un journal de quelque opinion que ce soit sans l’y retrouver, tantôt applaudi, tantôt condamné ou honni. Il a réveillé l’esprit public. M. Spuller, qui en est le père, ne parait d’ailleurs pas disposé à se désintéresser de son sort, et tout récemment, à Versailles, à l’inauguration d’un lycée de jeunes filles, il en a fourni un commentaire éloquent. C’était l’occasion de parler du rôle de la femme dans la société. On raconte qu’autrefois, — il y a déjà longtemps, — Gambetta a exprimé le regret que la république manquât de femmes. Nous souhaitons que les lycées de jeunes filles lui en amènent beaucoup, mais nous souhaitons encore bien plus qu’elles restent vraiment femmes au sortir de ce mode d’enseignement. M. Spuller l’espère, et le fait n’est pas impossible. Toutefois son ambition est encore plus haute : « Il faut, dit-il, que les femmes viennent toutes à la république, à la démocratie ; il faut les y appeler par la tolérance. » Voilà une excellente parole, et ce n’est pas la seule à relever dans le discours de M. Spuller. Le but qu’il se propose, « c’est l’apaisement, la concorde entre tous les Français, pour la grandeur de la France et la liberté de l’esprit. » Ce but, il dépend du parti républicain de l’atteindre, parce que, étant vainqueur, il peut être généreux et chercher ses inspirations non plus dans les nécessités d’une lutte qui a pris fin, mais