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Français ne le comprennent pas, et M. Chiala ne le leur fera pas comprendre.

En revanche, il n’est pas défendu d’espérer qu’ils comprennent ce sur quoi M. Chiala appuie, à différentes pages de son livre, prenant texte du mot de Napoléon Ier que « la répétition est la plus nécessaire des figures de rhétorique ». M. Chiala n’aura point de repos que nous n’en soyons convaincus : la Triple-Alliance n’est pas, pour ce qui regarde l’Italie, l’œuvre de la dynastie, ni de tel ou tel cabinet, ni de tel ou tel parti ; c’est une œuvre nationale, que l’Italie entière revendique. Nous ne le suivrons pas plus loin ; nous le quitterons sur cette déclaration. Nous ne discuterons pas avec lui les mérites comparés du traité de 1882 et du traité de 1855, par lequel le Piémont, en aidant de ses troupes l’Empereur dans l’expédition de Crimée, s’assurait pour faire l’Italie, lorsque la moisson serait mûre, à la fois « l’or et l’épée » de la France.

Il se peut que le traité du 20 mai 1882 ait été complété et corrigé par M. de Robilant et M. de Rudini, lors de ses deux renouvellemens. Il se peut que l’Italie ait trouvé, du côté de l’Angleterre[1], ce souci de « la défense de l’équilibre méditerranéen et de la protection des intérêts communs » qu’elle n’avait pas, en 1882, rencontré de la part de l’Allemagne ni de l’Autriche et auquel M. le baron Blanc fait encore aujourd’hui un si pressant appel. Peut-être une Quadruple alliance sera-t-elle venue effacer les imperfections de la Triple-Alliance : M. Chiala nous l’apprendra dans son prochain volume. Peut-être aussi, dans ce prochain volume, nous annoncera-t-il la fin de la Triplice, morte sans avoir servi et de n’avoir pas servi.


CHARLES BENOIST.

  1. C’est encore douteux, si l’on s’en rapporte aux derniers écrits de sir Charles Dilke.