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divisé en deux par une cloison perpendiculaire à l’axe, présente certains avantages ; l’appareil est robuste, peu coûteux et d’un bon rendement.

Les organisateurs de la World’s Fair avaient tenu à honneur de rassembler, dans une collection complète, toutes les pièces de l’outillage rural, qui sont, pour ainsi dire, les armes parlantes des États-Unis. Sur un vaste espace s’alignait le gros matériel, destiné notamment aux immenses domaines du centre et de l’ouest, où la culture extensive a rendu nécessaire l’exploitation industrielle du sol. Le progrès dans ce sens ne s’arrête pas, et dès maintenant les machines agricoles de fabrication américaine sont arrivées à un degré de perfection et de bon marché qui leur assure de larges débouchés même en Europe. Par une économie bien entendue, les parties des instrumens qui n’ont pas besoin d’être ajustées sont laissées brutes de fonte. Image assez exacte de la civilisation au nouveau monde, polie et raffinée sur plusieurs points, mais manquant de fini sur d’autres.

Un coin spécial était réservé aux moulins à vent, dont les services paraissent fort appréciés, surtout par ce qui reste encore de petits cultivateurs aux États-Unis. L’œil s’égayait à voir tourner sans cesse ces innombrables roues de toutes tailles, à peu près semblables, pour la forme, aux ventilateurs minuscules que l’on remarque chez nous à la devanture de quelques magasins.

N’oublions pas non plus les pompes diverses, très ingénieusement construites, pompes à eau et pompes à air. Cette dernière catégorie comprenait les brosses pneumatiques, espèces de pulvérisateurs qui peuvent rapidement couvrir de peinture des surfaces très étendues. On s’en était précisément servi pour peindre en quelques jours les immenses bâtimens de l’exposition. Le public indigène s’intéressait tout spécialement aux pompes à incendie rotatives chauffées au pétrole et d’un puissant débit. Le feu est le cauchemar des Américains ; rien d’étonnant à cela dans un pays où beaucoup de villes sont bâties en bois. Et pourtant, une telle sève de jeunesse déborde partout, que le feu même, par ses ravages, semble moins faire des ruines qu’enlever d’un coup toutes les gourmes et préparer la place pour une transformation soudaine et complète. C’est ce qui advint notamment à Chicago, dont la renaissance heureuse et le développement rapide paraissent dater du jour, peu éloigné encore, où des quartiers entiers furent détruits par les flammes. L’incendie activait la marche du progrès.

Un vieil habitant de la ville, si florissante aujourd’hui, me racontait qu’il avait vu, soixante ans auparavant, à cette même