L’importance du mouvement scientifique aux États-Unis atteste les vigoureux efforts des Américains pour élever sans cesse le niveau de leur enseignement supérieur. Certes, ils pourvoient très largement aux besoins de l’éducation populaire, comme à la première nécessité des pays libres. Les états, les villes, les communes s’imposent de lourdes taxes afin que chaque citoyen puisse acquérir l’instruction élémentaire. Plus de deux cent mille écoles primaires publiques sont répandues sur toute la surface du territoire, et les dépenses annuelles atteignent sept cents millions de francs. Mais le trait original de la démocratie américaine, c’est sa préoccupation judicieuse d’encourager l’aristocratie du savoir. Cette nation, réputée à juste titre pour son esprit positif, sait fort bien que l’instruction supérieure amène seule le progrès des idées, l’amélioration des méthodes et même les perfectionnemens pratiques. Le haut enseignement est presque uniquement l’œuvre des particuliers qui l’ont constitué à l’origine, l’entretiennent de leurs deniers, et l’accroissent constamment par des fondations nouvelles. Son budget du dernier exercice, mentionné dans les documens officiels, dépassait seize millions et demi de dollars (quatre-vingt-quatre millions de francs environ). Ces millions sont venus spontanément de la ferme, du comptoir ou de l’usine, et la généreuse initiative des donateurs ne se lasse pas.
Une assiduité moyenne de quatre années dans les écoles primaires à raison de cent trente-quatre jours par an la proportion d’un écolier seulement sur cent sept, soit d’un habitant sur quatre cent soixante-cinq, recevant l’instruction supérieure, tels sont, d’après la statistique, les résultats obtenus par tant de sacrifices pécuniaires. M. Harris, commissaire fédéral de l’éducation, estime dans son rapport que le rendement reste médiocre ; nous n’y contredirons pas. Il est vrai que, pour suppléer aux insuffisances de l’enseignement élémentaire, le savant rapporteur compte sur deux auxiliaires, ou plutôt deux collaborateurs précieux : le chemin de fer et le journal. Quant à l’instituteur, sa tâche sera bien remplie, pourvu que les élèves, au sortir de ses mains, « sachent lire le journal et se servir du chemin de fer. » Cela peut s’apprendre en quatre années.
L’enseignement supérieur n’admet pas de suppléances analogues ; il doit faire lui-même tout son office. Viennent donc les étudians. Ce ne sont pas les Américains qui se plaindront de voir l’homme des champs émigrer vers les villes. « La cité offre à