mise en scène des paroles de Vasari : « On raconte qu’il ne se mettait jamais à l’œuvre sans avoir d’abord fait oraison ; il ne peignait jamais un crucifix sans verser des larmes. » L’attitude, l’expression, le plissement de la robe blanche, sont rendus avec une émotion sincère et simple qui n’est pas sans grandeur. Tandis que le pieux artiste est abîmé dans sa méditation, trois Anges, sur la pointe du pied, se tiennent sur le seuil de la porte, le regardant avec vénération et curiosité. L’idée est bien florentine et d’un homme qui a vécu avec Lippi et Botticelli ; il eût suffi d’un peu plus d’accent dans la physionomie et dans les allures de ces sourians adolescens pour que l’œuvre fût excellente ; on y respire, en tous cas, une sincérité, dans la délicatesse, et quelque timidité respectueuse qui a bien son charme.
M. Brangwyn, de Bruges, mais habitant à Londres, et très anglicanisé est un praticien plus robuste et plus audacieux que M. Flandrin. La passion pour les placages de couleurs violentes ou intenses semble être sa passion dominante. Il ne faut donc pas chercher dans son adaptation de la légende des Rois mages, qu’il intitule l’Or, l’Encens et la Myrrhe, une manifestation tendre ou vive du sentiment technique, pas même du sentiment humain. La Vierge, qu’il assied, à la chute du jour, son enfant dans les bras, devant la porte d’un enclos d’Orient, est banale et insignifiante ; mais les trois Arabes qui viennent apporter leurs présens, et qu’on voit seulement de dos, fermement drapés dans leurs burnous rayés, ont des attitudes si graves et si recueillies, l’harmonie sourde et grise qui les enveloppe dégage tant de calme et d’apaisement, qu’on se surprend à rester, comme eux, en contemplation, devant cette mère et cet enfant. La légende de Saint Joseph demandant asile pour la Vierge a été représentée avec tendresse et d’une façon pittoresque par M. Guy Rose, un Américain. Une Fuite en Égypte, par M. Besques, est agréablement présentée. Ce sont des toiles anecdotiques et de petites dimensions. Dans une toile de grande dimension, le Dernier des jours du Christ, malgré une disposition ingénieuse et une certaine énergie de dessinateur et de coloriste, M. Capdevieille n’arrive pas à nous faire oublier la Cène traditionnelle.
A l’époque, bien récente encore, où la critique courante n’avait de coups d’encensoir que pour les manifestations les plus brutales d’un réalisme grossier et superficiel, il n’était pas difficile de prévoir une réaction prochaine en faveur de l’imagination.