Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/814

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur ce sujet méritaient que ses conclusions fussent accueillies, et elles le furent en effet, car ce livre sur le Mythe des Nibelungs est un de ceux qui sont encore aujourd’hui le plus consultés sur cette question.

M. de Wolzogen vint ensuite à Bayreuth, et il s’y fixa tout de suite d’une façon définitive, se consacrant dès lors entièrement et exclusivement à la cause wagnérienne. J’ai dit qu’il dirige la Revue de Bayreuth depuis sa fondation en 1878 : il en est en même temps le rédacteur le plus infatigable. Il a collaboré aussi à d’autres journaux, publié un grand nombre de livres et de brochures, qu’il serait fastidieux de ne faire qu’énumérer. Aussi, ne pouvant les analyser, devrai-je me limiter à dire que son œuvre tout entière est une œuvre d’exégèse — poétique, musicale, philologique, philosophique, historique, religieuse, — des écrits et des drames de Wagner. Un certain nombre de ses articles ont été réunis en un volume qui a pour titre Wagneriana, où l’on peut voir plusieurs faces de son extrême activité littéraire, lie moindre des écrits de M. de Wolzogen accuse une personnalité très curieuse, par l’abondance de son savoir, et par le mépris des petites habiletés dans l’exposé de ses vues, que M. de Wolzogen semble souvent négliger de mettre à la portée de ceux qui ne sont pas acquis d’avance à son « parti ». Enfin il faut y remarquer le ton du langage, hautain et ardent tout à la fois, en même temps qu’enveloppé, par places, d’une sorte d’ironie aristocratique, qui, si elle n’est jamais méchante, est cependant un peu dédaigneuse.

Parmi les brochures de M. de Wolzogen, une série qui a contribué plus que tout à populariser son nom, c’est sa série des Guides thématiques (Thematische Leitfaden), à l’usage du grand public, sur chacun des drames de Wagner. On y trouve d’abord une étude succincte des origines du poème, et ensuite une analyse de tout le drame, scène par scène, avec l’indication des principaux thèmes musicaux et l’explication de leur rapport avec le texte poétique. Ces petits « guides » ont le grand mérite d’être à la fois très complets et très courts, en même temps que très judicieux et très clairs ; et il serait particulièrement à désirer qu’ils fussent traduits en français, comme déjà ils l’ont été en plusieurs autres langues.

Ce qu’Henri de Stein voyait surtout dans Wagner, c’était « l’idée » ; ce qui occupe surtout M. de Wolzogen, c’est « l’œuvre » ; quant à « l’homme », si nous voulons tout savoir de ce qui le concerne, nous n’avons qu’à lire la biographie qu’en a donnée M. Glasenapp, où sans doute nous ne trouverons pas de larges tableaux d’ensemble, mais où rien ne manque non plus de tous