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établissemens français », et exprima la confiance que les deux gouvernemens n’auraient pas de peine à s’entendre sur les délimitations réciproques à intervenir.

C’est dans ces conditions, si favorables à un bon accord, que fut signé, le 24 décembre 1885, entre M. de Courcel, ambassadeur de la République française à Berlin, et le comte Herbert de Bismarck, le protocole délimitant la sphère d’influence en Afrique des deux puissances intéressées. Naturellement le Cameroun fut compris dans cet arrangement. Un esprit de grande conciliation présida à cette entente. Des concessions mutuelles furent faites de part et d’autre. L’Allemagne renonça à toutes prétentions sur le littoral au midi du Sénégal, entre le Rio-Pongo et la Mellacorée. En échange, la France reconnut à l’Allemagne les villes de Porto-Seguro et de Petit-Popo, sur la côte des Esclaves, et abandonna à la colonie de Cameroun la ville de Grand-Batanga.

La frontière nouvelle de cette colonie se trouva ainsi reportée de 60 kilomètres plus au sud. La ligne de démarcation entre le Congo français et le Cameroun partit de l’embouchure de la rivière Campo, puis, suivant le 2° 2’ de latitude nord, dut se prolonger à l’intérieur jusqu’au 12° 40’ de longitude est de Paris. Au nord de cette ligne le gouvernement français dut s’abstenir de toute action politique ; le gouvernement allemand prit le même engagement en ce qui concernait les pays situés au midi. Tout l’avantage de cette convention revint à la colonie du Cameroun, qui se trouva bénéficier, par la cession de 00 kilomètres de côtes, des sacrifices consentis par l’Allemagne sur d’autres points du littoral africain.


III

Les deux conventions conclues, au cours de l’année 1883, par l’Allemagne avec la France et l’Angleterre, peuvent être considérées comme les actes constitutifs de la colonie du Cameroun. L’accord anglo-allemand donnait à cette colonie une frontière définie au nord, l’accord franco-allemand, une frontière précise au midi. Compris dans ces limites, le territoire du Cameroun eut la forme d’un trapèze dont les deux côtés parallèles furent représentés à l’est par la ligne du littoral et à l’ouest par le méridien 12° 40’ de Paris, dont les deux autres le furent au nord par la ligne frontière tirée du Rio-del-Rey à Yola, au midi par la ligne de démarcation tracée entre le Cameroun et le Congo français. L’aire de ce trapèze égalait en étendue la moitié de l’Allemagne. Certes, il