premier des peintres américains, John La Farge, à qui son pays et le monde doivent depuis une quinzaine d’années le renouvellement de l’art du vitrail.
Il a trouvé en effet l’emploi logique du plomb, qui n’était dans les anciens vitraux qu’une nécessité assez laide, et en a fait un élément de beauté décorative, l’utilisant pour le dessin des figures de façon à imiter la touche irrégulière du pinceau, tandis que des effets surprenans étaient obtenus au moyen de verres de couleurs différentes plaqués les uns sur les autres de façon à augmenter la profondeur et la richesse des tons ou à modifier la transparence. Ensuite M. La Farge imagina d’employer, pour le même usage, des morceaux jugés défectueux, de ce verre opalin qui se fabrique en Amérique, imitant la porcelaine. Dans cette mosaïque translucide, retenue par du plomb au lieu de ciment, les têtes, et les mains continuent seules à être peintes, puisque pour la chair l’expression est nécessaire. Nous avons pu juger des vitraux de John La Farge à nos expositions universelles où le mérite de leur auteur a été hautement reconnu.
Le succès conquis par cette branche d’art industriel a excité une grande émulation ; de là tous les projets de verrières, tous les cartons qui se voyaient à Chicago. Les illustrations de livres et de magazines par les femmes m’ont paru intéressantes : à citer miss Mary Hallock Foote qui, maniant le crayon aussi habilement que la plume, embellit ses propres récits de dessins très appréciés. Dans la décoration sur porcelaine les Américaines sont décidément inférieures aux Françaises, quoique le club de la poterie à Cincinnati ait envoyé des spécimens qui promettent. En résumé les écoles professionnelles d’art appliqué à l’industrie sont encore loin en Amérique d’égaler les nôtres, malgré leurs progrès soutenus. Celle des travaux à l’aiguille ne remonte guère qu’à dix-sept ans ; elle prospère, encouragée par d’actifs patronages ; mais il manque aux ouvrières ce que nous avons en France, la stimulante compétition avec des femmes du meilleur monde qui ne dédaignent pas de s’appliquer à certains ouvrages manuels et d’en faire de l’art. Il fallait voir le petit salon réservé aux dames françaises pour se rendre compte de cette différence. Le mépris de l’aiguille existe chez un grand nombre d’Américaines ; les couturières, les modistes m’ont dit combien elles avaient de peine à recruter des ouvrières tout en les payant très cher ; le diplôme d’institutrice est l’objectif qui détourne de tout le reste.
Revenons au Woman’s building ; ce n’est pas là que nous rencontrerons les manifestations de talent les plus sérieuses ; en tout pays les femmes ont tort de faire bande à part quand il s’agit d’exposer leurs œuvres. La compétition avec l’homme est indispensable