pour éliminer les non-valeurs et aussi pour faire ressortir, non pas toujours l’inégalité, mais la profonde différence des dons et des aptitudes chez les deux sexes. — Ceci ne veut pas dire qu’il y ait lieu de blâmer l’idée même du bâtiment. Ses salles d’assemblée, d’organisation, etc., ont rendu de grands services, abritant les congrès, les associations de femmes et tous les divers mouvemens qu’elles dirigent. Celles qui avaient ou qui croyaient avoir des idées nouvelles à exprimer ont pu sans exception se faire entendre ; pour les musiciennes, artistes et amateurs, un jury choisi par le comité national de musique décidait de l’admission de chaque dame dans les concerts qui se sont succédé pendant une demi-année, le fait d’avoir figuré au programme conférant une distinction durable. On a pu constater ainsi le développement rapide et croissant du goût musical en Amérique. Les belles voix y sont communes, encore qu’on leur ait longtemps reproché d’être sans âme, et la musique instrumentale y est cultivée avec le sérieux, la ténacité qu’apportent dans toutes leurs études les femmes qui, entre celles du monde entier, se contentent le moins de ce qu’on appelle talens d’agrément. Le don de sentir, qui est indépendant de la volonté d’apprendre, manquait peut-être ; il a été développé depuis des années par l’influence allemande prépondérante dans beaucoup de villes et par des concerts classiques hebdomadaires suivis religieusement. À M. Théodore Thomas, directeur de la section de musique à Chicago, revient une bonne part de mérite dans cette éducation.
Les intérêts matériels des exposantes pauvres n’étaient pas négligés au Palais de la femme ; tous les objets fabriqués par l’industrie féminine trouvaient là un écoulement, grâce à des ventes très fructueuses, et, chose inestimable dans un pays où la femme ne semble naître ménagère que par exception, des leçons de cuisine étaient quotidiennement données. Jusqu’au bout le Woman’s building fut l’expression même, on peut le dire, d’une hospitalité très large. Le Palais des enfans, qui lui servait d’annexé naturelle, permettait aux mères de famille de laisser les plus petits à des soins éclairés tandis qu’elles visitaient l’exposition et aux enfans eux-mêmes d’apprendre beaucoup tout en s’amusant, car il y avait là des spectacles, des conférences, une bibliothèque appropriés à leur âge. Rien de plus curieux que le fonctionnement du Kindergarten, et du Kitchengarten qui le complétait. Miss Huntingdon, de New York, fondatrice de ce dernier système, dirigeait des classes où les bambins jouaient à faire un lit, à balayer, à épousseter, parfaitement instruits de tous les détails du ménage.
Quand on pense à la besogne énorme dont se sont acquittées les ladies managers en organisant ces manifestations complexes