du progrès féminin, pendant une durée de six mois, il semble qu’on ne puisse trop louer le conseil présidé par une étoile de la société de Chicago. Mrs Potter Palmer n’avait eu jusque-là qu’une réputation de beauté, d’élégance, de richesse ; elle s’est trouvée tout à coup à la hauteur de sa tâche.
Déjà les commissions de dames avaient aidé puissamment au succès des deux grandes expositions de la Nouvelle-Orléans et de Philadelphie, mais le trait distinctif de la WorId’s fair fut l’introduction formelle dans le jury des femmes, admises une bonne fois à protéger leurs propres intérêts. Elles l’ont fait avec une remarquable intelligence. Laissons de côté les petites discussions, les petites rivalités qui, à en croire les révélations d’une presse indiscrète, ont pu s’élever entre certaines déléguées de différens États ; ceci ne diminue pas les preuves de dévouement et de zèle données par la masse, ni le résultat final obtenu. L’Exposition avait pour but déclaré de permettre aux femmes de s’entr’aider et à chacune d’elles de s’aider elle-même ; elle tendait en outre à donner une idée nette et précise de la condition universelle des femmes de notre temps. Ce double but a été atteint ; par parenthèse, la statistique envoyée de Paris et représentant en dix-huit tableaux le rôle de la Française dans l’agriculture, le commerce, les administrations, l’enseignement, les professions libérales, l’épargne etc., était plus complète qu’aucune autre et servira certainement de modèle à l’étranger pour les dénombremens de ce genre.
Notons une très heureuse innovation : chaque manufacturier devait indiquer si son exposition était œuvre de femme en tout ou en partie, ce qui assurait à chacun sa portion de mérite. — Le conseil a inauguré ceci ; il a imposé beaucoup d’autres choses utiles qui subsisteront. Ceux qui s’étonneraient de l’expérience déployée par un groupe de femmes du monde en semblables matières, ignorent quelle école d’organisation peuvent être pour les Américaines les clubs dont elles font partie. J’aurai plus d’une fois l’occasion d’en parler, tout en voyageant avec mes lecteurs d’une ville à l’autre.
Il y a vingt-cinq ans que furent fondés presque en même temps les premiers clubs de femmes, à Boston et à New York. Depuis lors, sous la protection de ces deux grands foyers, du premier surtout, des associations analogues ne cessent d’éclore dans les divers États. On en compte plus de trois cents aujourd’hui et la Fédération générale qui les réunit en son sein leur prête une force nouvelle. Ceux de Chicago sont actifs entre tous.